Flambée des prix : quelles conséquences pour la distribution hygiène et propreté
« Depuis le milieu de l’année 2021, le prix de la ouate a tendance à augmenter », explique François Thuilleur, PDG de Paredes. Au sein de son usine, le spécialiste de l’hygiène et de la protection professionnelles a réussi à gagner en productivité et donc à atténuer les coûts fixes. « Nous n’avons pas été trop impactés en 2021 mais, depuis janvier 2022, les prix fournisseurs grimpent en flèche sur la ouate pour atteindre + 25 % en cumul sur les 4 premiers mois de l’année et nous devons discuter avec nos clients, souligne François Thuilleur. Avec le conflit en Ukraine, le gaz a flambé, en passant de 20 à 30 € le mégawattheure il y a un an, à près de 200 €. »
Explosion des coûts de l’énergie
La multiplication par dix des coûts de l’énergie a conduit certains papetiers à fermer partiellement ou à arrêter des lignes de production pour ne pas produire à perte. « Cette pénurie de matières premières contribue à l’augmentation très conséquente des prix des essuie-mains, du papier toilette (etc.), alerte François Thuilleur. Nous essayons de négocier au mieux pour faire bénéficier nos clients de hausses plus modérées mais sans mettre en risque leur sécurité d’approvisionnement. » Cette situation pourrait avoir un impact sur les produits notamment en jouant sur les formats – sur la largeur par exemple – ou sur le grammage du papier, pour réaliser des économies. « Des gammes de produits plus économiques vont voir le jour avec différents niveaux de grammage, précise le PDG. Utiliser de la matière recyclée peut aussi être intéressant, c’est le choix qu’a fait Paredes. »
Hausse des prix des matières premières
Pour Orapi Group, c’est la reprise d’activité après les confinements qui a été compliquée à gérer en raison du faible niveau des stocks. « Les pénuries sur certains produits et les tensions sur le transport maritime se sont cumulées pour conduire à une hausse générale des prix sur les matières premières, de l’énergie, des emballages et des produits de négoce », affirme Laurine Louche, directrice marketing Orapi Hygiène. L’ensemble de la chaîne a été touché : c’est du jamais vu pour l’industriel qui a dû faire face à des cas de force majeure. Orapi est une entreprise globale qui produit et distribue des solutions d’hygiène, de désinfection et de maintenance. « Pour la partie production, comme nous fabriquons en France, il a été possible de mieux maîtriser les coûts, poursuit Laurine Louche. Nous avons fait le choix stratégique d’adapter et de limiter les hausses de prix. » Tous les prix des produits d’hygiène et de désinfection (gel hydroalcoolique, crème hydroalcoolique, produits d’entretien pour le tertiaire, la santé, le transport…) ont pu être contenus en début d’année, « mais nous faisons face à une situation inédite qui ne permet pas de maintenir les prix sur plusieurs mois. »
Concernant les produits distribués, Orapi Group s’est associé à des fournisseurs - de gants et de masques notamment – implantés en France pour compenser les problèmes de stocks et limiter les délais de livraison. « Nous leur avons demandé d’accroître leurs capacités de production », souligne Laurine Louche.
Avec cette hausse générale du marché, le groupe continue à accompagner ses clients en fournissant un service de qualité et une livraison rapide. « La crise nous a permis de démontrer notre savoir « être agile », souligne Laurine Louche. Nous avons dû encore optimiser nos outils de production et réengager l’ensemble des équipes pour fournir au mieux nos clients existants et ceux que nous avons gagnés. Mais comme l’ensemble des fabricants, il a fallu appliquer des revalorisations tarifaires différenciées car certaines matières premières, comme l’acide sulfamique ou les solvants, ont augmenté dans des proportions aussi inédites qu’imprévisibles. »
Bond des coûts de transport
Le groupement Équipage Hygiène Solutions, spécialisé dans la distribution de produits, matériels et solutions d’hygiène professionnelle, fait face à un contexte inédit d’inflation galopante due aux hausses de prix de l’énergie et à la pandémie de Covid-19, aggravé par la guerre en Ukraine et les sanctions vis-à-vis de la Russie – ces deux pays étant des producteurs importants d’énergies et de matières premières nécessaires au secteur de l’hygiène. « Face à cette situation, nous avons pris des mesures exceptionnelles, explique Jean-Claude Fartaria (Sodevi), membre du comité de direction d’Équipage et en charge du service achats pour le groupement. Nous avons mis en place une cellule de crise interne afin de suivre les évolutions de prix des matières premières, des emballages et du transport. Elle identifie et anticipe également les points de tensions avec nos fournisseurs partenaires afin de stocker et de limiter les pénuries sur les produits les plus demandés. Nous avons aussi changé certains produits et renforcé notre partenariat avec des fournisseurs plus compétitifs.
« Parallèlement d’autres sources d’approvisionnement ont été trouvées. Nos fournisseurs se sont engagés à ne pas prendre de nouveaux clients pour continuer d’assurer les approvisionnements des membres du groupement », précise-t-il. Équipage Hygiène travaille principalement avec des clients locaux ou régionaux qui demandent beaucoup de réactivité. Une sélection plus pointue des fournisseurs, en privilégiant la France et l’Europe, lui permet de limiter les éventuelles pénuries à venir et de réduire les coûts de transport. Pour un container maritime, le prix est passé de 2 000 $ avant la pandémie à plus de 14 000 $. « Cette hausse a un impact énorme sur notre activité, indique Jean-Claude Fartaria. Notre choix stratégique de privilégier des fabricants français et européens depuis quelques années prend tout son sens et devient primordial aujourd’hui. »