70 M€, c’est la somme investie par MP Hygiène sur la période 2022/2024 dans ses différents sites : une nouvelle machine à papier, une unité de traitement des vieux papiers, de nouvelles lignes de transformation et un site logistique. Plusieurs objectifs pour le papetier français : augmenter ses capacités de production de 30 000 à 60 000 tonnes par an et favoriser la circularité de ses activités. D’ici à 2030, l’entreprise entend passer la part de fibres recyclées de 15 % à 65 %.
Basée à Davézieux (Ardèche), MP Hygiène emploie 250 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel de 144 M€. Elle dispose de cinq autres sites implantés en Ardèche et dans la Drôme. L’entreprise familiale fabrique des essuie-mains papiers, du papier toilette, des mouchoirs, de l’essuyage non-tissé, du savon et du gel hydroalcoolique. Un volume de 44 000 tonnes de produits finis est sorti de ses usines en 2023, commercialisés en marques propres (Evadis, Sanitizer, Autocut, Ecotex…) et en MDD. L’entreprise est aussi active dans la conception de distributeurs sanitaires et le négoce d’EPI.
Augmenter le recours aux fibres recyclées
À Annonay (Ardèche), l’industriel bénéficie de sa propre papeterie qui produit des bobines de papier à partir de pâtes de cellulose pure de pin (en provenance d’Europe du Nord) et d’eucalyptus (Portugal, Amérique du Sud), certifiées FSC et PEFC. Il intègre également dans sa production des matières premières récupérées, notamment les trimes (restes des découpes non utilisés), les déchets issus du tri (papiers, journaux, magazines, cartons, boîtes de médicaments) et les essuie-mains usagés. « Nous cherchons des partenaires régionaux dans un rayon de 100 km et les déchets seront transportés dans des véhicules roulant au bioéthanol », précise François Miribel, directeur Innovation circulaire de MP Hygiène. La collecte des essuie-mains souillés est en cours de mise en place, par le biais de collecteurs spécialisés capables de les compacter en balles et de massifier les flux. Objectif : passer la quantité récupérée de 20 000 à 40 000 tonnes d’ici à cinq ans. L’entreprise continue, en parallèle, de travailler sur l’écoconception des produits au niveau du format et des ressources nécessaires.
« Pour limiter le recours aux ressources naturelles, nous investissons dans une 2e machine à papier qui va permettre d’accélérer l’incorporation de fibres recyclées, indique François Miribel. C’est un choix fort de la part de la direction de l’entreprise avec un plan sur quinze ans. » L’unité de traitement des déchets va aussi être agrandie.
Première papeterie européenne à « circuit fermé »
« Les travaux sont en cours pour accueillir la nouvelle machine, qui vient s’ajouter à la première en fonctionnement depuis 2012, affirme Christopher Colin, directeur des opérations industrielles. L'utilisation de brûleurs hybrides (gaz et électricité) va nous permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2035. » En associant les deux machines, la production de bobines mères atteindra 190 tonnes par jour.
« De plus, en termes de consommation d'eau, notre objectif est d’être la première papeterie fabricant de ouate de cellulose à fonctionner quasiment en circuit fermé », souligne Christopher Colin. Le site réutilise ses eaux usées grâce à une station d’épuration. Aujourd’hui, il pompe dans la rivière et rejette des eaux retraitées. À terme, il retraitera et réutilisera directement les eaux de production.
À Davézieux, la ligne de transformation est pourvue de nouveaux automates pour le picking des essuie-mains pliés (en Z ou en W). Dans son atelier de transformation de St Rambert d’Albon (Drôme), les bobines mères, de 2 à 3 tonnes chacune, sont déroulées et découpées pour créer des essuie-mains rouleaux, ainsi que des rouleaux de papier hygiénique. La superposition de deux bobines permet de concevoir des essuie-mains double épaisseur pour une meilleure absorption. « La qualité du papier dépend du grammage, du gaufrage et de la lamination, indique Pierre Miribel, directeur général. Notre objectif est de l’optimiser en utilisant le moins de ressources possibles. » Une ligne supplémentaire sera bientôt installée au sein du site. Lequel est localisé tout prêt d’une plateforme flambant neuve de 13 000 m², dotée des derniers outils de pointe en matière de logistique. « Avec une capacité de 25 000 palettes, tous nos produits finis sont stockés ici, explique Pierre-Antoine Quiblier, responsable de la plateforme. Nous recevons 700 à 800 palettes par jour soit une centaine de camions. Et nous expédions 500 à 1 000 palettes chaque jour à destination de nos clients. »