
Alors que l'Union européenne envisage une classification de l'éthanol comme substance CMR (cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction), les professionnels de l'hygiène et de la détergence montent au créneau. Ils alertent sur les conséquences que cette décision pourrait avoir, tant sur l’offre de produits biocides que sur la sécurité sanitaire au quotidien. Cette reclassification reposerait uniquement sur des données liées à l’ingestion d’éthanol. Une approche jugée incomplète par la Féderation hygiène et entretien responsable (FHER), qui rappelle que l’éthanol utilisé dans les produits ménagers et professionnels est dénaturé (modifié pour le rendre impropre à la consommation). Ils appellent donc les autorités européennes à adopter une approche mesurée et fondée sur les usages concrets et non sur des données d'ingestion. Le 20 mai dernier, un dîner-débat a été organisé, avec autour de la table : l’eurodéputée Christine Singer (Renew Europe), l’International association for soaps, detergents and maintenance products (AISE) et The Parliament. Objectif : rappeler le rôle fondamental de l’éthanol dans les produits d’hygiène et d’entretien, et souligner l’absence d’alternative.
Des usages multiples et fondamentaux
Que ce soit à l’hôpital, en restauration, dans l’industrie ou même à la maison, l’éthanol joue un rôle fondamental dans la désinfection et la prévention des infections. Il agit dans les hôpitaux et établissements de santé comme désinfectant de référence, capable d'éliminer un large spectre de micro-organismes (bactéries, virus, champignons). Dans l'industrie agroalimentaire, il garantit le respect des normes d'hygiène strictes, essentielles à la sécurité sanitaire. En cas de reclassification, c’est toute une chaîne de produits qui serait mise en difficulté : gels hydroalcooliques, sprays désinfectants, nettoyants ménagers, etc. En plus d'être majoritairement issu de matières premières renouvelables (betteraves, céréales), l'éthanol est aussi produit localement en France et plus largement en Europe. Il s’agit d’un ingrédient essentiel non seulement pour la santé publique, mais aussi pour la compétitivité industrielle et l’autonomie stratégique du continent. Les professionnels rappellent donc l’urgence d’une évaluation fondée sur les usages réels et sur la nature spécifique de l’éthanol utilisé dans les produits biocides.