La chimie durable devient un engagement fort pour les industriels de la détergence. Dans le cadre d'une démarche d'entreprise et pour répondre à l'évolution de la demande des clients, les produits plus respectueux de la santé de l'utilisateur et de l'environnement sont de plus en plus nombreux qu'ils soient à base de ressources végétales ou de biotechnologies. La question des emballages fait aussi partie des préoccupations de ces acteurs.

Innovations durables : les solutions pour une chimie plus responsable

 

 

Utilisation de ressources végétales, développement de bactéries et probiotiques, recherche sur la concentration et le conditionnement des produits, réduction des emballages et intégration de plastiques recyclés sont autant d'actions mises en œuvre par les industriels de la détergence pour tendre vers une chimie plus responsable et durable. Ils ont évolué vers plus d'efficacité pour des formulations plus respectueuses de l'environnement.

« Nous consacrons 7 % de notre chiffre d'affaires en R&D chaque année », affirme Pierre-Alain Magne, responsable du développement d'Eyrein Industrie qui a renforcé la gamme Innovey'R avec quatre produits techniques Mega Pur. « Ces références bénéficient du label Ecocert car elles sont 100 % d'origine végétale ou très proches, explique Pierre-Alain Magne. Nos innovations vont aujourd'hui au-delà des produits pour l'entretien courant : nous avons développé des produits issus du végétal pour les prestations ponctuelles. » L'entreprise continue de travailler sur des formulations Ecocert. « Nous sommes focalisés sur la partie végétale, ajoute Céline Magne, responsable du laboratoire de R&D. Nos fournisseurs ont développé de nouvelles technologies qui permettent de créer de nouvelles matières végétales et de nouveaux solvants qui étaient auparavant d'origine synthétique, comme les tensioactifs éthoxylés. »

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Diversey
Yann Richoux,

La pénurie est pénalisante pour l'ensemble des industriels de la détergence. « Nous courrons après les matières premières, y compris les ressources végétales, admet Céline Magne. Aucun de nos fournisseurs ne s'engage pour le premier semestre 2022. » Heureusement, Eyrein Industrie fait appel à de multiples sources d'approvisionnement. L'utilisation de l'huile de palme est aujourd'hui remise en question. Les labels comme Ecocert vont rendre plus contraignante son intégration dans les produits. « Nous pensons donc nous diriger vers l'huile de coco dont l'approvisionnement requiert une traçabilité différente », explique Céline Magne.

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Eyrein Industrie /Greenspeed
Eyrein Industrie a renforcé la gamme Innovey'R avec quatre produits techniques dont un décapant pour émulsions de sol. /Dans la gamme Probio de Greenspeed, de nouveaux produits sont attendus pour le 1er trimestre 2022.

Huiles, plantes, céréales

De son côté, Diversey a fait évoluer sa gamme Sure à base de produits biosourcés. Elle compte notamment des désinfectants et des produits alcalins, réalisés à base de plantes et de céréales issues des résidus de l'agriculture. « Nous nous orientons davantage vers des produits écolabellisés, notamment dans le domaine des lessives et de la vaisselle », indique Yann Richoux, responsable département Expertise Application.

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Greenspeed
Stefaan Aernouts,

Werner & Mertz Professional donne la priorité à l’utilisation de composants d’origine végétale. « Nous utilisons des matières premières biosourcées à haute innocuité et biodégradabilité, précise Claire Normand, chef de produit. Nous privilégions des plantations dont la production n’est pas en conflit avec la production alimentaire. Depuis quelques années, nous utilisons des sous-produits de l'agriculture européenne. » L’utilisation dans les formules de ces nouveaux principes actifs (huile de tournesol, colza, lin, olive, maïs, blé, chicorée) demande beaucoup de travail R&D. « Ces nouveaux tensioactifs végétaux ont des caractéristiques chimiques très différentes et demandent à être adaptés aux contraintes du nettoyage industriel. Nous travaillons aussi sur des produits techniques en y intégrant des composants biosourcés, ajoute Claire Normand. Nous avons notamment passé le dégraissant pour les cuisines Grease Power dans la gamme Green Care. »

Greenspeed explore aussi la facette de la chimie végétale. « Nous utilisons déjà des matières premières très durables mais nous pouvons encore nous améliorer, affirme Stefaan Aernouts, responsable produits chez Greenspeed. Nous sommes en train de réétudier l'impact de nos produits. » Le fabricant a notamment pour objectif de réduire la quantité d'huile de palme utilisée et de choisir une huile RSPO. D'autres pistes sont à l'étude comme la création d'agents de surface à base de biosurfactants ou de bactéries (glycolipides, sophorolipides).

La société Pollet travaille avec des produits biobasés, des matières premières d'origine non pétrolière. « À ce jour, on estime que 25 à 30 % de nos produits sont d'origine végétale, précise Jean-Nicolas d'Hondt, le PDG. Notre but à terme est de progressivement substituer un maximum de matières premières pétrochimiques par des sources végétales. »

Toujours plus concentrés

La concentration des produits reste une solution efficace pour réduire l'impact environnemental. « La bonne dilution des produits est indispensable, indique Yann Richoux. Il est donc primordial de former les utilisateurs. » Pour lui, les grandes entreprises de propreté utilisent souvent des armoires de dilution, comme Quattro Select avec des produits qui couvrent 90 % des besoins. Tandis que les petites entreprises ont plus l'habitude de faire appel aux dosettes ou aux vaporisateurs prêts à l'emploi. « Pour les petits sites, nous avons développé une bouteille dotée d'une tirette qui permet de créer une solution prête à l'emploi (Smart Dose) », précise-t-il.

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Pollet
Jean-Nicolas d'Hondt,

« Nous sommes en train de faire labelliser écolabel européen une gamme concentrée, précise Pierre-Alain Magne. Et nous travaillons également sur une gamme concentrée Ecocert. » Eyrein Industrie accompagne ses clients en faisant preuve de pédagogie. « Il ne faut pas négliger la formation lors d'un changement de conditionnement », estime Pierre-Alain Magne. Ce sont les commerciaux de l'entreprise qui se chargent d'expliquer la bonne utilisation des produits. Une pastille spéciale est désormais apposée sur les produits rechargeables ou réutilisables. Les 4 produits concentrés proposés par Eyrein Industrie (des poches plastiques dans des box en carton) pour le système Circuley'R sont disponibles en Ecocert et écolabel depuis septembre 2021.

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Action Pin
Action Pin a lancé une gamme désinfectante virucide, à base notamment d'acide lactique.

Enzymes et bactéries

La chimie blanche à base de biotechnologies est une piste intéressante pour les industriels du secteur. Les enzymes sont depuis longtemps utilisées dans les lessives, les produits vaisselle et les produits de traitement des canalisations. Il est plus difficile pour les fabricants de les intégrer dans des produits pour les surfaces.

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Pollet
Pollet propose la gamme de nettoyants probiotiques protecteurs PolVita.

Eyrein Industrie dispose d'une gamme enzymatique bénéficiant du label Ecocert. « Ces produits sont moins dangereux pour l'utilisateur et tout aussi efficaces », précise Céline Magne.

« L'industrie de la détergence prendra véritablement le virage du développement durable quand les chimistes embaucheront des microbiologistes, capables de comprendre, cultiver et dénombrer des bactéries, affirme Benoit Choplin, directeur opérationnel chez HTS Bio. La chimie verte n'est pas durable de manière pérenne. L'avenir est dans la culture, le développement et l'utilisation de bactéries. » HTS Bio purifie les éléments avant de les utiliser. Une fois stabilisées, certaines bactéries produisent des biosurfactants.

« Le biosurfactant est un tensioactif sécrété par une bactérie. Sa ressource est illimitée et provient de notre environnement sans transformation. Il faut juste séparer le biosurfactant de la bactérie et de ses autres sécrétions pour créer un tensioactif d’origine bactérienne, explique Guillaume Couture, directeur des ventes chez HTS Bio. Nous fabriquons nos propres matières premières et les assemblons. » Les solutions HTS Bio sont respectueuses de l'environnement et sans danger pour la sécurité (pas de sigle, pas de phrase de risque). « Nous parlons de performance globale incluant l'hygiène préventive, ajoute Benoit Choplin. Mais il n'est pas facile de faire valoir la prévention dans la réalité économique. »

Intégration récente des probiotiques

HTS Bio propose des produits probiotiques non toxiques et biodégradables : la gamme immunopropreté pour le domaine de la santé (gestion durable du risque infectieux) et la gamme d'hygiène préventive pour tous les marchés et tous les besoins (sols, surfaces, sanitaires, canalisations). Ils permettent de prévenir le risque de réencrassage, le développement des mauvaises odeurs et le réentartrage. L'hygiène générale, les cuisines professionnelles et la santé sont des axes de développement forts. HTS Bio, qui consacre 30 % de son chiffre d'affaires à la recherche, poursuit son travail sur les probiotiques pour élargir le spectre.

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Action Pin
,Marine Bezault

Greenspeed a aussi lancé une gamme de probiotiques, baptisée Probio. De nouveaux produits seront lancés au cours du premier trimestre 2022. « Nous sommes en train de développer des agents de surface et solvants combinés avec des bactéries. Les bactéries non pathogènes présentes dans les probiotiques permettent de maintenir l'équilibre naturel des surfaces, explique Stefaan Aernouts. Ainsi, nous pouvons réduire la concentration des produits traditionnels et limiter l'impact environnemental. » Greenspeed étudie la possibilité d'ajouter des enzymes. « Il est néanmoins très difficile de créer des produits 100 % durables pour les prestations plus techniques », ajoute Stefaan Aernouts. Pour lui, ce sont aussi les méthodes de nettoyage qui peuvent permettre d'utiliser ensuite moins de produits techniques et agressifs. « L'objectif des bactéries contenues dans les probiotiques est de continuer à nettoyer après le passage de l'opérateur », indique Stefaan Aernouts.

L'utilisation de l'huile de palme est aujourd'hui remise en question.

Pollet a lancé en 2019 une gamme probiotique basée sur l'utilisation de bonnes bactéries pour amener le nettoyage à un niveau supérieur tout en respectant l'environnement. Elle est adaptée à l'entretien des locaux tertiaires (sanitaires, sols, surfaces). « Cette gamme efficace, écologique et durable, a nécessité une dizaine d'années de recherche R&D, affirme Jean-Nicolas d'Hondt. Les probiotiques ne se substituent pas à la désinfection mais sont complémentaires. » Pour lui, c'est la détergence de demain.

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WM Professional /HTS Bio
La gamme Green Care de WM Professional est composée de matières premières biosourcées. /La gamme de probiotiques concentrés ProbioWay a été élaborée par HTS Bio.

« Tout le savoir-faire repose sur la sélection des bactéries, leur stabilisation et leur intégration dans nos produits, poursuit Jean-Nicolas d'Hondt. Les applications vont encore évoluer dans le traitement des odeurs, des eaux usées ou dans le domaine médical. Le champ ouvert est large. » Pollet entend reprendre les produits existants et les décliner dans cette gamme. Mais il existe une limite biologique de survie des bactéries dans des pH trop extrêmes ce qui rend la formulation complexe. Outre les avantages durables et d’efficacité, les probiotiques ne changent pas les habitudes de travail et ne nécessitent donc aucune formation particulière. Le dosage est également très simple car les flacons de 1 l intègrent un doseur.

Les conséquences du Covid

« Après une année 2020 pendant laquelle le marché des désinfectants a connu une croissance historique, la part des produits écologiques s'est de nouveau orientée à la hausse, observe Claire Normand. La désinfection se stabilise à un niveau de marché élevé. »

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WM Professional
Claire Normand,

Pour contribuer à lutter contre le Covid, Action Pin a lancé en mars 2021 la gamme désinfectante virucide Actipur d'Enzypin. « Notre laboratoire intégré, qui compte 4 techniciens, a travaillé pour trouver des solutions désinfectantes virucides efficaces mais aussi et surtout raisonnées », explique Marine Bezault, chef de produits Hygiène. Pour cela, c’est l’acide lactique qui a été choisi. « Approuvée par le règlement Biocides, cette substance est 100 % biosourcée car issue de la fermentation des sucres, indique Marine Bezault. Nos produits devraient très prochainement recevoir les autorisations de mise sur le marché pour une durée de dix ans. » L’acide lactique est également autorisé par le référentiel Ecocert. « Toute notre gamme Actipur est certifiée, poursuit-elle. Nos produits sont conçus et fabriqués en France, dont la majorité dans les landes. » Actipur est composée à 98,6 % d'ingrédients d’origine végétale et minérale. Aucun conservateur ni colorant n’est utilisé. « En ajoutant l’acide glycolique à l’acide lactique, nous avons des propriétés désinfectantes boostées, souligne Marine Bezault. La résine de pin apporte, elle, ses qualités odorantes, dégraissantes et mouillantes. En complément, les enzymes présentes dans nos produits détériorent les salissures et détruisent les mauvaises odeurs. »

HTS Bio a renforcé ses formules pour en améliorer l'efficacité et mieux lutter contre le Covid-19. La gamme probiotique lancée en 2019 intervient en complément de la désinfection, et permet la gestion préventive du risque infectieux. « En ajoutant des bactéries, les probiotiques agissent sur le biotope en le modifiant, ainsi que sur le biofilm dans le milieu hospitalier par exemple, indique Guillaume Couture. Dans les milieux médicaux et paramédicaux, l'utilisation de ces produits n'engendre pas de changement d'habitude ni de hausse de coûts. » « Nous prônons la désinfection raisonnée, notamment avec l'acide lactique », ajoute Benoit Choplin.

En matière de désinfection Covid, Eyrein Industrie propose aussi un produit Ecocert avec le Egepur Spray sans rinçage, ainsi qu’une lotion hydroalcoolique écocertifiée. Concernant le règlement Biocides, les ammoniums quaternaires ont finalement été approuvés comme substance autorisée, car ils ont été reconnus comme non perturbateurs endocriniens. « Nous allons donc étudier ce sujet cette année car les dossiers de demandes de mise sur le marché doivent être rendus avant fin 2022, indique Céline Magne. Nous travaillons aussi sur des biocides à base d'acide lactique qui sont en cours d'évaluation. » Eyrein Industrie a obtenu trois autorisations de mise sur le marché pour des solutions à base de peroxyde d'hydrogène dont 2 qui ont aussi le label Ecocert.

 

Conditionnement : quid des emballages plastiques ?

On ne peut pas parler de chimie durable sans évoquer la question des emballages plastiques. Les industriels de la détergence y travaillent depuis de longues années déjà. En matière de R&D, Diversey étudie l'intégration de plastiques recyclés et la part de recyclabilité des emballages. À l'horizon 2025, la réglementation sur les déchets d'emballages industriels et commerciaux (DEIC) entrera en vigueur. Elle prévoit un système de responsabilités élargies du producteur. « Il est important d'améliorer l'efficacité des filières de plastiques recyclés et de continuer à évoluer sur la construction des filières de traitement des déchets industriels à usage professionnel », explique Yann Richoux.

« 53,9 % de nos emballages contiennent 100 % de plastique recyclé en polyéthylène à haute densité (PEHD), notamment les flacons de 1 l et les bidons de 5 l, issus du tri. Et 99,2 % des emballages PET ont 100 % de plastique recyclé, affirme Claire Normand, chef de produit chez Werner & Mertz Professional. Nous voulons aller plus loin mais il est encore difficile de trouver les matières recyclées. » En 2022, les bouchons et têtes de pulvérisateurs seront aussi en plastique recyclé (polypropylène). Werner & Mertz va abandonner les bouchons en plastique colorés au profit de bouchons transparents qui pourront être plus facilement recyclés. « Le code couleur sera sur l'étiquette du produit, pour éviter les changements d'habitude pour les utilisateurs », souligne Claire Normand.

Intégration du doseur

Avec la loi Agec (Anti-gaspillage et économie circulaire), le gaspillage doit être réduit dans tous les secteurs. Cette loi comporte plusieurs paliers avec des objectifs à atteindre tous les cinq ans. Action Pin travaille sur plusieurs pistes : réduction des emballages (recharges, solutions ultra-concentrées), intégration de plastique recyclé, etc. L’entreprise étudie par exemple l’incorporation de système de dosage intégré aux flacons. « La majorité de nos emballages sont 100 % recyclables, souligne Marine Bezault. Notre objectif est d’incorporer plus de plastique recyclé. La filière se construit. Il existe également un sujet sur le conditionnement en vrac. Il y a plusieurs problématiques concernant la traçabilité et le respect de la réglementation. »

« Nous avançons aussi sur les emballages avec l'incorporation de plastiques recyclés, poursuit Céline Magne. Et nous travaillons en parallèle sur la réduction de la quantité de plastique à la source. » Le flacon doseur de 1 l a aujourd'hui 10 % de plastique en moins. Le flacon pulvérisateur est réutilisable une fois rincé et il peut être sérigraphié au nom de l'entreprise de propreté. « Nous réfléchissons aussi à trouver une solution alternative à la dosette qui est encore très utilisée », ajoute Pierre-Alain Magne.

Réutilisation des pulvérisateurs

HTS Bio étudie trois axes : le plastique recyclable, l'intégration d'une certaine quantité de plastiques recyclés et les systèmes de recharge pour les solutions concentrées. « La question de la poche plastique est problématique, estime Benoit Choplin. Elle est constituée de plastique complexe difficilement recyclable. » L'entreprise a développé un système de capsules pour les pulvérisateurs, qui se percent quand on visse la tête du pulvérisateur. « Les capsules vides peuvent nous être retournées par courrier, signale Benoit Choplin. Les pulvérisateurs peuvent ainsi être réutilisés une quinzaine de fois. » Cinq nouveaux produits seront bientôt disponibles sous cette forme. La solution la plus simple et la plus impactante reste l’utilisation de concentrés, plus contraignants mais infiniment plus économes en ressources et déchets que les produits prêts à l'emploi.

Chez Greenspeed, les conditionnements de moins de 5 litres vont être remplacés pour passer aux 100 % recyclés. « Aujourd'hui, nos emballages contiennent 25 % de plastique recyclé et 75 % de plastique provenant de sources végétales (éthanol, sucre de canne) », souligne Stefaan Aernouts. Par ailleurs, l'entreprise développe quelques produits sous forme solide et devrait lancer des nouveautés au cours de l'année.

« La question des emballages fait également partie des préoccupations de Pollet, reconnaît Jean-Nicolas d’Hondt. Mais la pénurie de matières premières nous a d’abord obligés à assurer les approvisionnements à des prix acceptables. » Certains prix de composants ont augmenté de 100 %, voire de 150 %. « Nos emballages en plastique recyclé sont prêts mais nos fournisseurs en amont ne garantissent pas un approvisionnement suffisant », souligne le PDG.

 

« Associer performance, durabilité et coût »

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Afise

Vous êtes délégué générale de l'Afise, qui représente en France les industriels de la détergence. Où en est le secteur en matière de politique RSE ?

Des initiatives collectives sont mises en place pour aller vers plus de RSE. Les clients veulent connaître l'origine des matières premières, le lieu et les méthodes de production. Le Made in France devient un critère de choix. Il existe une équation à résoudre pour associer efficacité, sécurité, réduction de l'impact environnemental et utilisation juste, tout en restant à des tarifs acceptables. Et les industriels pâtissent du bond des prix des matières premières et des coûts de transport, surtout maritimes. En 2022, leurs marges en seront impactées, ainsi que leurs capacités de recrutement et d'innovation.

Quelles sont les grandes tendances en matière d'innovations durables ?

Les entreprises continuent de travailler sur les matières premières d'origine végétale et les solutions biosourcées. Cela correspond à une demande forte des clients. La concentration des produits est aussi une tendance importante. Nous prônons une consommation raisonnée, y compris pour la désinfection : la bonne quantité au bon moment pour le bon usage. Le défi est de continuer à innover tout en respectant les contraintes réglementaires, qu'il s'agisse du règlement Biocides ou du règlement Détergents dont la Commission européenne a lancé la révision.

Comment l'Afise accompagne ses adhérents sur la question des emballages ?

L'Afise participe à la stratégie nationale 3R pour la Réduction, le réemploi et le recyclage des emballages, pilotée par le ministère de l'Environnement. L'objectif à atteindre en 2040 est la fin de l'utilisation du plastique à usage unique. Nous nous préparons à la mise en place de la filière REP (Responsabilité élargie des producteurs), pour les emballages industriels et commerciaux, prévue pour 2025. Nous allons suivre l'évolution du secteur dans la réduction de la quantité de plastique, la création d'emballages favorisant le réemploi et l'utilisation de matières recyclées. Des expériences pilotes sont menées.

Qu'en est-il des actions durables des entreprises autour de leur process de production ?

Les industriels de la détergence ont fait de gros efforts pour réduire leur impact environnemental et améliorer leur process de fabrication depuis plus de 20 ans. Les signataires de la Charte du nettoyage durable 2020+ s'engagent à mettre en place des pratiques durables, tant sur les process de fabrication que dans la formulation des produits. L'Afise poursuit son engagement avec le label RSE « Proprement engagé », basé sur l’Iso 26 000. Lancé en 2019, cet outil aide les entreprises à s’engager dans des démarches RSE.

 

5 à 30 % C'est la part du chiffre d'affaires consacrée aux travaux de recherche et développement par les industriels de la détergence.

44 % C'est la baisse, par tonne de production, des émissions de gaz à effet de serre générées par les 230 signataires de la Charte du nettoyage durable, depuis 2005.

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