Lors de leur conférence de presse annuelle en juin, les professionnels de la Chambre syndicale 3D (dératisation, désinsectisation, désinfection) ont présenté un état des lieux des enjeux de leurs métiers. Leur bilan d’intervention 2020 est alarmant (lire ci-dessous). Les phénomènes de nuisibles prennent de l’ampleur dans tous les secteurs : surveillance renforcée du moustique tigre, multiplication des campagnes de dératisation, extension territoriale du frelon asiatique, invasion galopante des punaises de lit, des fourmis… Ces populations de nuisibles ont un impact avéré tant sur la santé, que sur l’économie et l’environnement. Pour répondre à cette urgence, les entreprises de la CS3D doivent relever de nombreux défis avec un objectif d’efficacité malgré de fortes contraintes d’ordre réglementaire. Ils demandent à être mieux écoutés par les pouvoirs publics et plus impliqués aussi dans les démarches globales de conception des bâtiments.
Des solutions techniques difficiles à trouver
Les professionnels déplorent que la palette de solutions disponibles, et notamment de molécules, se réduise au minimum. Cette tendance à la suppression de molécules, sans prise en compte de la nécessité de les « remplacer » et du temps de R&D nécessaire à la mise au point de solutions efficaces, place les entreprises dans des situations d’impasse technique. L’interdiction de l’appâtage non permanent, qui permettait de constater la présence ou l’absence de rongeurs et d’intervenir de manière adaptée, n’a fait que compliquer leur tâche : elles sont appelées lorsque l’infestation est visible, et donc conséquente.
Des contraintes réglementaires importantes
Les spécialistes de la 3D sont contraints par des réglementations très lourdes. Les autorisations de mise sur le marché concernant les produits biocides sont des process longs et complexes. Le règlement sur les produits biocides n° 528/2012 a pour objectif l’amélioration du fonctionnement du marché, tout en garantissant un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l'environnement. De plus, tous les adhérents de la CS3D sont certifiés. Le « Certibiocide » garantit l’intervention de professionnels formés, habilités à utiliser les produits biocides en toute sécurité et de manière adaptée à la problématique.
« La considération des enjeux environnementaux et de la biodiversité n’est pas incompatible avec nos métiers, tout comme la prise en compte des attentes sociétales qui sont aussi les nôtres. Notre métier ne consiste pas à éliminer le nuisible, mais bien à gérer le risque », affirme Patrick Gravey, président de la CS3D.
En chiffres
Dans l’hexagone en 2020, l’habitat individuel représente 23 % des interventions et l’habitat collectif 25 %. Les lieux de collectivités accueillant du public en journée (écoles, crèches, universités) ou pour des séjours notamment dans le secteur de la santé (Ehpad, hôpitaux…) concentrent 19 % des interventions. Les sites professionnels (commerces, lieux de stockage, restaurants…) quant à eux comptent pour 23 %. Par rapport à 2019, 2020 a ainsi vu augmenter le nombre d’interventions des professionnels de 75 % pour les rongeurs (vs + 20 % entre 2018 et 2019), de 76 % pour les punaises de lit (vs + 30 % entre 2018 et 2019). Les interventions concernant les guêpes et frelons - parmi lesquels le fameux frelon asiatique - ont augmenté de 93 % et celles concernant les cafards, après plusieurs années de recul, ont grimpé de 18 %.