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En première ligne dans la lutte contre le Covid-19, six entreprises de propreté de différentes tailles et régions françaises ont accepté de témoigner sur les conséquences de la crise : baisse d'activité, formation et équipement des salariés, mesures de chômage de partiel.

La crise sanitaire actuelle liée à la pandémie de Covid-19 touche de plein fouet les entreprises de propreté. Dans ce contexte, la FEP est présente à leurs côtés pour les soutenir et les accompagner. Les équipes du Monde de la Propreté sont mobilisées. Une boîte à outils est disponible sur le site www.monde-proprete.com avec toutes les informations nécessaires, mises à jour quotidiennement. « Depuis plus de trois semaines, nous nous battons pour faire reconnaître nos métiers parmi les services essentiels, afin que les personnels de la propreté intervenant dans les hôpitaux et les EHPAD, puissent bénéficier de masques », explique Philippe Jouanny, président de la FEP. La fédération mène aussi des actions pour aider les entreprises dans les négociations sur les marchés publics et sur les marchés privés, avec quelques avancées positives.

« Il faut dire un grand merci et un grand bravo aux femmes et aux hommes, agents de propreté, qui sont actuellement sur le terrain, affirme Philippe Jouanny. J’ai aussi une pensée pour tous ceux qui sont malheureusement au chômage partiel. » Car la situation a entraîné une baisse globale d’activité de 60 % dans le secteur, conduisant des entreprises, surtout les TPE et PME, à fermer et d’autres à placer leurs salariés en chômage partiel. Et la hausse des demandes d’interventions en désinfection et décontamination n’a en rien compensé cette perte d’activité. C’est ce que confirment les six entreprises interro

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Quelles conséquences sur l’activité ?

« Nous avons eu une baisse de notre activité suite aux multiples fermetures de nos clients professionnels », témoigne Nadine Salles-Bisson, directrice de Clear & Nett (Calvados) qui emploie 9 salariés. L’entreprise intervient toujours dans une vingtaine de copropriétés pour la désinfection des parties communes et un peu de vitrerie.

« Avec le confinement et le télétravail, les bureaux ont été amenés à fermer temporairement. Ils représentent 20 % de notre chiffre d’affaires », affirme Mickaël Norbert, gérant de Norbert Entreprise Propreté et Services (Loire-Atlantique). En contrepartie, l’entreprise enregistre une plus forte demande du secteur de la santé et pour l’entretien des parties communes.

En Alsace, RH Propreté a perdu 60 % de son chiffre d’affaires. « Cette perte n’est pas compensée Même si des équipes mobiles dédiées aux demandes de nettoyage et désinfection des locaux ont été mises en place », ajoute Laurent Ruh, dirigeant de l’entreprise.

En Ile-de-France, Utile & Agréable entretient des parties communes d’immeubles et assure les sorties/rentrées des containers à poubelles. « Cette activité demeure essentielle, affirme Aurélie Boileau, PDG. Par conséquent, nous n’avons pas enregistré de baisse d’activité, à l’exception de quelques petits bureaux que nous avions. »

« Depuis l’annonce du confinement le 16 mars, nous avons perdu 80 % de notre activité en raison du télétravail mis en place par nos clients dans le tertiaire et des demandes d’arrêt des prestations par les collectivités, déplore Julien Gutfreund, gérant de l’entreprise Allo Nettoyage (Bas-Rhin). Les 20 % de nos clients qui maintiennent les prestations de nettoyage (santé et industrie) nous ont demandé des devis complémentaires pour des prestations de désinfection et décontamination. Nous sommes également contactés par des entreprises qui n'étaient pas clientes jusqu'alors. » Allo Nettoyage a donc investi dans du matériel spécifique (biocides, combinaisons, pulvérisateurs dorsaux, nébulisateurs à froid, etc.) afin de répondre aux nouvelles attentes de ses clients. Elle a aussi formé ses collaborateurs aux protocoles de désinfection fournis par la FEP et l'Agenre régionale de santé (ARS).

Pour A2C Services (Aix-en-Provence), la perte d’activité s’élève à 40 %. « Nous travaillons uniquement dans les travaux spécifiques et la gestion des déchets, souligne Ivan Pion-Goureau. Certains clients, comme les réseaux bancaires, nous ont demandé de faire de la désinfection Covid-19 dans leurs agences et bureaux. Nous parvenons donc à occuper la majorité de nos 30 collaborateurs. »

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Et vos salariés ?

« Certains ont peur et d’autres se battent pour garder l’entreprise ouverte », indique Nadine Salles-Bisson. Chez Norbert Entreprise, il y a eu beaucoup d’inquiétudes au début. « Nous avons débloqué des moyens pour sensibiliser nos agents à la politique de prévention du Covid-19, en les formant aux bons gestes à adopter et en assurant leur sécurité, explique Mickaël Norbert. Nous maintenons le contact avec nos fournisseurs pour pouvoir nous assurer un stock minimum sur l’ensemble des EPI et des produits désinfectants. »

Les équipes de RH Propreté sont très solidaires et investies au service de leurs concitoyens. « Pour les EPI, heureusement, nous avions du stock », indique Laurent Ruh.

Après une période de crainte, les salariés d’Utile & Agréable se sont adaptés. L’entreprise a pu rapidement s’approvisionner en gels hydroalcooliques et en gants à usage unique. « Nous n’avons pas pour le moment de masques, ajoute Aurélie Boileau. Dans notre activité, nos salariés ne sont pas en contact direct avec les clients même s’ils peuvent les croiser. »

« Nos équipes ont eu un comportement remarquable que je salue, observe Julien Gutfreund. Tout le monde a compris les enjeux et la complexité de la situation. Ceux à qui nous avons demandé de poursuivre l'activité l'ont fait courageusement et sans sourciller. » L’entreprise s’approvisionne facilement en gants, combinaisons et lunettes de protection.

« Nos salariés sont bien équipés et donc tranquillisés », signale Ivan Pion-Goureau. A2C Services réalisant parfois des opérations de décontamination après sinistres, elle n’a pas eu trop de difficultés à trouver les équipements. Le CTIP l’a aidée à mettre en place la bonne procédure. « Nos collaborateurs sont galvanisés et se sentent valorisés », poursuit le dirigeant. Pour répondre à la difficulté d’approvisionnement en désinfectants et en EPI, A2C Services a lancé de nombreuses commandes et trouvé d’autres sources. « Nous mutualisons aussi avec d’autres entreprises de propreté, Fac Services à Nice, Hygiène Prévention et Apelnet à Marseille, ajoute Ivan Pion-Goureau. Il nous arrive aussi de répondre à un marché ensemble. »

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Quelles mesures mettre en place ?

Nadine Salles-Bisson déplore le manque de clarté des mesures mises en place par l’État, « difficilement compréhensibles par les petites entreprises comme nous. Il est compliqué de devoir justifier de notre baisse d’activité. Mon comptable a fait une demande de chômage partiel. »

« Étant donné que nous sommes une PME, il nous était indispensable de placer nos services supports au chômage partiel », souligne Mickaël Norbert. RH Propreté a aussi fait appel à ce dispositif mais s’est également adressée aux banques pour demander une autorisation de découvert plus importante. Allo Nettoyage a aussi mis en place le chômage partiel, car le Grand Est très impacté sanitairement et économiquement.

Chez Utile & Agréable, certains des salariés ont bénéficié de l’arrêt de travail pour garder leurs enfants. C’est le cas aussi pour A2C Services pour une partie de son service administratif.