Lieux exigus, zones ou sols difficiles d'accès, petites surfaces et escaliers sont autant de cas où le lavage manuel prédomine. Des innovations sur ce créneau sont encore possibles pour mécaniser davantage les tâches, améliorer la qualité et les performances et surtout prévenir les risques de troubles musculosquelettiques qui touchent les salariés de la propreté.

Pour améliorer encore les conditions de travail des agents de propreté, les fabricants de matériels continuent d'innover en mécanisant là où les opérations sont manuelles, qu'il s'agisse de nettoyer les endroits exigus, petits ou encombrés, ou les parties difficiles à atteindre avec une machine, comme sous les meubles, le long des plinthes ou encore les marches d'escalier.

« Il est encore possible d'innover dans la mécanisation des tâches car une partie des prestations pour les petites surfaces notamment sont réalisées manuellement », affirme Philippe Guérin, directeur général France pour Kaivac et Motorscrubber.

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© Rema Groupe
L'intérêt de ces petites laveuses, comme la Willmop, est d'être très maniables.

« La mécanisation des tâches fait partie de l'ADN du groupe Kärcher, affirme Sylvie Larrue, responsable management produits chez Kärcher France. Notre stratégie de développement de produits a notamment pour objectif de simplifier le quotidien des utilisateurs. »

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© Nilfisk
La SC250 de Nilfisk est aussi adaptée aux prestations réalisées en continu et/ou en journée.

Ces dernières années, le marché a surtout innové pour la mécanisation du nettoyage des petites surfaces, dans les secteurs de l'hôtellerie, de l'éducation et de la santé, ainsi que des copropriétés. Le lancement de l'I-mop a marqué le démarrage de cette tendance. Comme de nombreux fabricants, Rema Groupe a suivi cette évolution qui répond à une problématique importante, en distribuant en exclusivité la Willmop de TSM. « Cette machine permet de lutte contre les TMS et de gagner en productivité sur les petites surfaces », indique Bruno Toffol, directeur commercial de Rema Groupe. La Willmop, autolaveuse verticale, dispose d'un chariot de transport et de ménage pour proposer une solution globale de nettoyage. La machine est proposée en deux largeurs de 35 cm et 50 cm. « Il serait sans doute intéressant d'avoir une plus petite laveuse de 20 cm de largeur avec une batterie au lithium, poursuit-il. Mais ce n'est pas encore prévu car il existe un problème de coûts par rapport au lavage manuel. » Pour Bruno Toffol, des évolutions sont aussi à noter dans le traitement des marbres par exemple, l'utilisation de disques diamant Bonastre (sans recours à la chimie) et la robotisation.

« Notre stratégie de développement de produits a notamment pour objectif de simplifier le quotidien des utilisateurs. » Sylvie Larrue, KARCHER

« La mécanisation du nettoyage des sols et des surfaces peut encore s'accélérer », affirme Jean-Charles Morillon, directeur commercial de Nilfisk. Pour les petits sites ou les surfaces encombrées, Nilfisk propose des machines compactes et ergonomiques à rouleaux ou à disques pour l'entretien des sols durs. La gamme Nilfisk démarre à partir de 25 cm de largeur de travail.

La problématique des petites surfaces

« Sur une laveuse compacte, comme la SC250, la consommation d'eau et de détergent, la rentabilité et la productivité pour le traitement des surfaces, sont les principales valeurs ajoutées, ajoute Jean-Charles Morillon. Nous disposons d’une machine ergonomique, légère et productive avec un faible niveau sonore, alimentée par batterie lithium, parfaitement adaptée au nettoyage en coactivité. L'avenir est à une miniaturisation poussée de la mécanisation des petites surfaces. »

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© Labor Hako
La machine lancée par Hako permet notamment de passer sous les gondoles et les barres horizontales dans les grandes surfaces.

« Plus un entretien des sols est mécanisé avec un captage des eaux usées par aspiration, moins il est nécessaire de s'occuper des recoins moins sollicités que par un lavage manuel », complète Jean-Charles Morillon.

« L'avenir est à une miniaturisation poussée de la mécanisation des petites surfaces. » Jean-Charles Morillon, NILFISK

« Le nettoyage manuel prend beaucoup de temps et reste exigeant physiquement, rappelle Sylvie Larrue. Certaines de nos innovations sont tournées notamment vers la mécanisation des tâches qui ne le sont pas encore. » C'est le cas de la petite laveuse BR30/1C qui fonctionne sur batterie et remplace le balayage humide. Maniable et légère, elle brosse les sols et aspire l’eau sale. Le temps de séchage est plus rapide, les risques de TMS réduits et le rendement amélioré. « Cette machine est particulièrement adaptée aux petites surfaces, sanitaires dans les maisons de retraite, salles de bains dans les chambres d’hôtels, copropriétés, commerces de proximité (boutiques ou encore cabinets médicaux), complète Sylvie Larrue. Le temps de séchage de deux minutes environ permet de rouvrir rapidement les lieux au public. Elle suscite un grand engouement. »

Numatic International a également lancé une autolaveuse compacte fonctionnant sur batterie avec une largeur de travail de 44 cm. La 244NX fait partie de la gamme de machines équipées de batteries à lithium interchangeables NX300 bénéficiant d'une autonomie de 80 minutes et rechargeable en une heure (à 80 %). « Les résultats sont probants en un seul passage, indique Virgil Derni. Cette machine est particulièrement adaptée pour les petits espaces et les zones encombrées en remplacement du lavage à plat. » Légère (21,3 kg), maniable et facile d'utilisation, elle bénéficie d'un timon articulé multidirectionnel qui pivote selon un angle de 45° en tirant vers le haut ou le bas pour les endroits peu accessibles. Son rendement atteint 680 m² par réservoir (capacité de 3 l). Des accessoires sont disponibles pour s'adapter aux différents types de sols (brosses de lavage, brosses nylon, disques) .

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© Motorscrubber
Cet appareil oscillant de forme rectangulaire (Motorscrubber) lave simultanément la marche et la contremarche des escaliers.

Pour les zones difficiles d'accès

Hako lance la Mop Pro B5 qui bénéficie d'une tête de brosse d'une hauteur de 10 cm et d'une largeur de travail de 43 cm. « Cette toute nouvelle machine permet de passer sous les gondoles et les barres horizontales antichocs en bas des rayons des supermarchés. Disponible en novembre 2022, elle remplace les opérations de détourage réalisées manuellement, explique Anthony Oléon, directeur commercial France. Elle est particulièrement dédiée aux hypermarchés et aux surfaces alimentaires. Mais elle peut aussi convenir dans les bureaux, les cantines, les copropriétés ou les hôtels pour tous les endroits bas et difficiles d'accès. » C'est pour répondre à une demande d'un important client de la grande distribution que le service R&D du fabricant allemand a pu développer cette machine. Résultat : la qualité de la prestation est améliorée et le rendement également (1 300 m2/h). Pesant moins de 20 kg, la Mop Pro B5 peut aussi s'adapter à l'avant de l'autolaveuse autoportée.

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© Numatic International
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« Aujourd'hui, l'offre existante ne permet pas de tout mécaniser, souligne Philippe Guérin. Un prototype est en cours de réalisation pour les surfaces aux sols difficiles d'accès. Le matériel verra le jour en 2023. » Il faut tenir compte de toutes les fonctions pour un bon nettoyage en intégrant la variable de l'environnement : taux d'humidité, taux de salissure, type de sol… « Il est important d'avoir enfin une machine apte à s'adapter aux environnements changeants et capable de balayer, laver et aspirer, souligne Philippe Guérin. L'appareil conçu dans ce sens par Motorscrubber, baptisé Dryft, fera l'objet de 9 brevets. Il sera le premier à laver et à atteindre les coins et recoins des locaux. Il sera aussi le plus bas du marché et pourra passer sous le mobilier. Ainsi, 100 % des surfaces seront mécanisées grâce à sa forme particulière. » Cette machine sera adaptée à des surfaces de 15 m² comme une chambre d'hôpital, une salle de classe ou un restaurant. Elle permet aussi de mécaniser le lavage des sols des sanitaires. Présentée lors d'Interclean Amsterdam 2022, elle a généré un réel engouement puisqu'elle répond à une double problématique de mécanisation et de prévention des risques TMS. Six années de R&D ont été nécessaires pour créer le premier prototype à la forme totalement novatrice.

« Il est important d'avoir enfin une machine apte à s'adapter aux environnements changeants et capable de balayer, laver et aspirer » Philippe Guérin, KAIVAC MOTORSCRUBBER

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© Rema Groupe
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Des solutions pour les escaliers

Les escaliers font aussi partie des zones plus complexes à mécaniser. « En effet, la réglementation impose désormais des bandes antidérapantes sur les marches qui sont difficiles à nettoyer, explique Philippe Guérin. Shock, premier appareil oscillant de forme rectangulaire de Motorscrubber, permettra de mécaniser le lavage (avec injection d'eau) simultané de la marche et de la contremarche. » Cette machine alliant la technique orbitale horizontale et verticale atteint 5 000 oscillations par minute. Elle sera notamment adaptée aux parties communes d'immeubles.

Des aspirateurs à batterie, dorsaux ou balais, sont un moyen de mécaniser l'entretien des escaliers. Numatic International a lancé une nouvelle gamme d'aspirateurs balais à batterie qui peuvent convenir notamment aux petites copropriétés, entreprises ou encore hôtels. Commercialisé en septembre 2022, le Henry Quick affiche une autonomie de 60 minutes et fonctionne avec des capsules recyclées qui lui permettent une plus grande capacité et aucune perte d'aspiration. « Changer les capsules est un jeu d’enfant, le moteur de l'appareil est protégé et il n’y a aucun contact avec la poussière », explique Virgil Derni, chargé de marketing. De nombreux accessoires sont disponibles pour atteindre des zones plus difficiles d'accès, comme la tête de brosse motorisée, l’outil combiné ou le suceur plat deux en un. La version Numatic Quick, qui possède les mêmes types de fonctionnalités, est livrée avec deux batteries interchangeables qui lui confèrent une plus grande autonomie. Elle est dotée d'une poignée ergonomique pour améliorer le confort d'utilisation.

Kärcher propose depuis longtemps une monobrosse à main facilement déplaçable pour les marches et les contremarches des escaliers. Le groupe vient de lancer un aspirateur dorsal sur batterie ultra-léger et très robuste dans un matériau innovant, le polypropylène expansé. « C'est pour nous une piste d'innovations importante de faire évoluer les tâches déjà mécanisées en s’appuyant sur la technologie batterie, estime Sylvie Larrue. Nous avons donc créé une plateforme de batteries identique pour l'aspirateur dorsal, l'injecteur-extracteur, l’aspirateur poussières, l’aspirateurs eau/poussières et la petite balayeuse à moquettes. Cette évolution participe au confort et à l'ergonomie et améliore le rendement et la flexibilité. »

Une autre évolution notable concerne l'intégration de la mécanisation dans les solutions manuelles. Chez Kärcher par exemple, les nouveaux chariots modulables Flexomate peuvent accueillir une petite laveuse, un injecteur-extracteur ou un aspirateur.

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© Rekola
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Robotisation des opérations

« La robotique est intéressante même si ce n'est pour l'instant qu'une répétition des formes d'autolaveuses. L'intelligence artificielle augmente les performances mais le fait que l'environnement change d'une minute à l'autre est un frein au développement de cette solution, considère Philippe Guérin. Il serait possible d'innover dans la mécanisation du lavage des vitres mais seulement pour les immeubles plus contemporains. Il existe plus d'intérêts à innover dans le lavage des sols en miniaturisant les équipements industriels. »

Concernant la robotique, « c'est une innovation importante pour la mécanisation des tâches, et en particulier les aspirateurs robotisés, estime Bruno Toffol. Pour les gros robots laveurs, il est nécessaire de les déployer sur des sites adaptés aux spécificités des cobots (retail, logistique). Le modèle économique est plus difficile à trouver. »

« La robotique est un virage significatif pour le monde du nettoyage, souligne Sylvie Larrue. C'est le cas aussi pour la propreté à l'usage qui est une innovation organisationnelle, soutenue par le déploiement du nettoyage connecté. Tout en étant vecteur de durabilité, rationaliser les prestations avec des solutions intelligentes garantit un niveau d'hygiène plus élevé. »

 Et pour le lavage des vitres ?

L'entretien des vitres, des surfaces vitrées d'une manière générale, est aujourd'hui très peu mécanisé. « Nous distribuons des systèmes à l'eau pure comme celui de Unger, signale Bruno Toffol (Rema). C'est une manière de mécaniser ces opérations et de réduire les risques de TMS, tout en respectant la planète. »

Il existe également de petits robots laveurs de vitres pour les vitrines des commerces, ainsi que de plus gros robots, comme le Clean Kong d'Erylon, pour les immeubles vitrés.

« Dans les innovations récentes, nous proposons une solution de nettoyage associant haute pression, lance télescopique et rouleaux pour notamment les façades vitrées extérieures, déclare Sylvie Larrue (Kärcher). Ces façades restent aujourd'hui compliquées à entretenir, surtout pour les surfaces hautes. » Le fabricant allemand a aussi conçu un dispositif spécifique pour les vitres intérieures et les surfaces lisses, par exemple pour les miroirs dans les sanitaires, les surfaces planes dans les salles de réunion. « Ce petit nettoyeur de vitres, associé à un pulvérisateur de produit, permet le nettoyage et l’aspiration d’eau sale, indique la responsable. Il convient notamment aux domaines de l'hôtellerie, des maisons de retraite et du tertiaire. C'est aussi une solution d'appoint pour les vitrines. »

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