Comment les outils numériques vont bousculer l'environnement de travail, c'est la question sur laquelle ont débattu les intervenants de la conférence de Workplace Magazine, le 26 septembre.
Le 26 septembre, Workplace Magazine (édité par Pyc Media) organisait une conférence-débat sur le thème « Les outils numériques bousculent l’environnement de travail ». L’événement se déroulait au Wellio Montmartre à Paris. Partant de la vision que les datas numériques exploitables en masse vont déferler sur les bâtiments immobiliers et les bureaux, l’objectif de cette matinée était de s’interroger sur la digitalisation et ses conséquences sur les espaces de travail.
En ouverture du Lab Digital, Cédric Gouy-Pailler, chercheur en intelligence artificielle au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), a expliqué les facteurs du big data, la démarche de construction et de déploiement d’un modèle de données et le rôle de l’intelligence artificielle dans leur exploitation (machine learning, deep learning). Il a également prévenu des risques d’utiliser des données incomparables, ainsi que de l’existence de biais humains dans la construction des algorithmes ou dans le placement des capteurs, par exemple. « Le big data a un autre travers, celui de rechercher des corrélations de données sans s’interroger sur la causalité », a souligné Cédric Gouy-Pailler.
Pilote de l’environnement de travail ?
Une première table ronde, animée par Bastien Cany, directeur de la rédaction de Workplace Magazine, a abordé le thème de « La data, futur pilote de l’environnement de travail ? » Elle a réuni Pascal Vottier, practice Leader « Occupier & Building Services » chez Aremis, Alain Kergoat, directeur des programmes de la SBA, et Nicolas Blandin, directeur commercial Engie SSinergie (filiale d’Engie). Pour ces experts, l’ère du smart building n’en est qu’à ses débuts. Les entreprises immobilières commencent à s’y intéresser. Car les datas peuvent apporter des solutions pour répondre à des attentes d’optimisation du foncier, de confort et de qualité de vie au travail. « Les FMers doivent intégrer l’évolution de la data, estime Nicolas Blandin. Le traitement des données est indispensable pour une meilleure compréhension des usages du bâtiment. Il doit notamment permettre d’ajuster les ressources et les prestations. La data doit amener de la performance économique, technique et financière. »
Le digital va aussi accompagner les nouveaux usages (flex office, coworking, home office). « Le bâtiment doit être au service des nouvelles formes de travail, ce qui nécessitera une véritable interaction entre les différentes directions de l’entreprise », affirme Alain Kergoat. Dans ce contexte, la question de l’intégration des systèmes d’information et de l’interopérabilité est primordiale.
Aborder la digitalisation de l’environnement de travail pose forcément le problème de la cybersécurité. Loïc Guezo, secrétaire général du Clusif (club de la sécurité de l’information français), a expliqué en quoi l’environnement de travail digitalisé peut représenter de nouvelles failles dans la sécurité des entreprises. « Les attaques se font de plus en plus nombreuses et la cybermenace est réelle, lance-t-il. Grâce aux systèmes de contrôle, d’accès, d’ascenseur, de gestion technique du bâtiment, les pirates peuvent prendre le contrôle d’une industrie ou d’un bâtiment. » Les emails sont souvent utilisés pour les attaques informatiques. Il est donc important de sensibiliser les collaborateurs en permanence et de penser aussi aux cyberassurances.
Quid de l’expérience utilisateur ?
Animée par Julie Dohen, rédactrice en chef de Workplace Magazine, la deuxième table ronde a rassemblé Benoît Poron, directeur du développement du groupe Penelope, Dominique Delattre-Demetz, directrice de l’environnement de travail chez Saint-Gobain, et Cyril Dugué, dirigeant-fondateur de Convergence. Elle a évoqué la question « Le digital workplace, ami ou ennemi de l’expérience utilisateur ? »
« Le digital workplace est source de valeur ajoutée », estime Cyril Dugué. Pour Dominique Delattre-Demetz, il permet d’optimiser et d’ajuster les services au plus près des besoins : « Pour une tour de bureaux, il est préférable d’avoir une seule application pour les occupants, réunissant donc plusieurs prestataires (restauration, propreté, gestion des salles de réunion). Ceux-ci doivent savoir s’intégrer dans un système existant. De notre côté, nous devons accompagner le prestataire : une cocréation des systèmes est nécessaire. »
« L’offre de services peut être digitalisée sans faire exploser les coûts », souligne Cyril Dugué. « En tant que prestataire de services, il peut être parfois difficile d’investir sur ce sujet quand le critère prix reste prédominant, affirme Benoît Poron. Il ne faut pas oublier que le digital doit être au service de l’humain. »