Une étude de l’Ifremer, de l’Université́ de Bordeaux et de l’IRD, réalisée à partir des données collectées sur le voilier du navigateur Fabrice Amedeo lors du dernier Vendée Globe, montre que les eaux de surface de l’océan Atlantique sont deux fois plus polluées par les fibres de cellulose que par les microplastiques.

Une étude sur la pollution océanique

Lors du dernier « Vendée Globe », Fabrice Amedeo, skipper et ancien journaliste, a collecté́ 53 échantillons grâce à un capteur de microplastiques embarqué. Cette opération a été financée par un certain nombre de partenaires dont fait partie le groupe Onet. Les différentes équipes de l’Ifremer, de l'Université́ de Bordeaux et de l'IRD (Institut pour la recherche sur le développement) ont achevé l’analyse des filtres de maille à̀ 300 μm et livrent leurs premières analyses.

Un premier constat porte sur la concentration et sur la grande variété́ de forme, de taille, de couleur et de nature des particules et des fibres (taille entre 0,3 et 5 mm) échantillonnées. Les fibres de cellulose sont présentes quasiment dans tous les échantillons collectes (92,5 % des échantillons), contrairement aux microplastiques, où seuls 64 % des prélèvements contiennent au moins un microclastique. Ces résultats confirment la contamination généralisée des eaux océaniques du large par des particules anthropiques issues de la fragmentation de plastiques ou du lavage des vêtements.

L’analyse spectroscopique permet d’établir que les fragments de microplastiques étudiés sont principalement (à 45 %) du polyéthylène (PE) notamment utilisé dans les sacs plastiques et films alimentaires et du polyéthylène téréphtalate (PET) notamment utilisé dans les bouteilles en plastique.

Problème des additifs

Il faut noter que dans le cas des microplastiques comme dans celui des fibres de cellulose, qui colonisent les océans, se pose le problème des additifs utilisés par les industriels pour modifier les caractéristiques de ces matériaux : les colorer, les rendre plus résistants, rigides ou au contraire plus souples. Lors du vieillissement du matériau, ces additifs finissent par être séparés du support que constitue pour eux la fibre de cellulose ou la particule de microclastique, et par se dissoudre dans l’océan ou être libérés dans le tube digestif des organismes si ces particules sont ingérées.

Cette étude montre également que l’Atlantique Nord est davantage touché par la pollution plastique que l’Atlantique Sud et questionne la dynamique du gyre subtropical (zone de concentration des microplastiques) puisque les niveaux de pollution qui y ont été́ mesurés sont plus faibles qu’attendu. Les prélèvements sur les filtres à 100 μm et 30 μm sont en cours d’analyse, ainsi que ceux de la dernière Transat Jacques Vabre entre Le Havre et le Brésil, ce qui permettra d’avoir une cartographie de la pollution microclastique de l’Atlantique Nord et d’affiner la différence de concentration entre le Sud et le Nord. Les navigations à̀ venir vont également permettre d’approfondir la connaissance de l’océan Atlantique. Fabrice Amedeo participera cette année à̀ la Vendée - Arctique - Les Sables (course entre la France et l’Islande) et à la Route du Rhum (Saint-Malo – Pointe-à̀-Pitre) : lors de ces traversées, le capteur de microplastiques, financé grâce au soutien du groupe Onet, fonctionnera 24 heures sur 24.