
Depuis longtemps, les caractéristiques antibactériennes et antimicrobiennes des métaux précieux, tels que le cuivre ou l'argent, sont reconnues. Le prix du cuivre étant élevé, c'est l'argent et en particulier les molécules d'argent que l'on retrouve dans les innovations les plus récentes en matière de revêtements. Évidemment, la crise sanitaire actuelle et la volonté de lutter contre les virus ne sont pas étrangères à une offre abondante de solutions.
« Nous avons conçu depuis quelques années un revêtement antimicrobien et antibactérien, SecuSan, qui contient des ions d’argent dans une structure en vitrocéramique appliqué sur nos poignées en aluminium et en inox », explique Élodie Trzebiatowski, chargée de marketing. Hoppe France, basée près de Mulhouse, l’antenne française du groupe allemand Hoppe (2600 salariés, 70 ans d’existence), qui fabrique en Europe des poignées de portes et de fenêtres (hors serrure). Le revêtement a été testé par un laboratoire indépendant et in situ. Les ions d’argent détruisent la membrane autour du germe qui empêche la division cellulaire. Les résultats sont satisfaisants après une trentaine de minutes. « Il ne nécessite aucun entretien », précise-t-elle.
Aussi efficace que la désinfection ?
Une expérimentation a été menée au sein d’une clinique : un étage avec des poignées classiques désinfectées fréquemment et un étage avec les poignées SecuSan. « Sur deux semaines, nous avons constaté que l’efficacité est plus élevée qu’avec des poignées standards désinfectées régulièrement (sur la base des germes testés) », indique Élodie Trzebiatowski. Il s’agit d’une anodisation, procédé de finition très résistant. SecuSan est donc efficace sur le long terme, même après de nombreuses années d’utilisation intensive.
ÉLODIE TRZEBIATOWSKI, HOPPE FRANCE
Bénéficiant d’une garantie de fonctionnement mécanique de dix ans, les poignées SecuSan sont adaptées aux sanitaires et aux lieux à forte fréquentation comme les hôtels-restaurants, salles de spectacles, stades, lycées et collèges mais aussi les hôpitaux, cabinets médicaux ou encore les crèches. Tous les secteurs peuvent être concernés, y compris le tertiaire ou le commerce.
« Ce revêtement n’est pas antiviral, souligne Élodie Trzebiatowski. Il est antimicrobien et antibactérien. Néanmoins il est efficace contre certaines bactéries comme le Staphylocoque aureus ou l’Escherichia coli. » Pour l’entretien des poignées, un détergent neutre associé à de l’eau suffit. « Désinfecter la poignée n’altérera en rien l’efficacité antibactérienne », ajoute Élodie Trzebiatowski.
Plusieurs acteurs commercialisent aujourd'hui un concept de film qui adhère sur les surfaces. C'est le cas de Virus Protect, installée près de Lyon, qui dispose d'une gamme de solutions de protections permanentes antivirales et antimicrobiennes : un adhésif pour coller sur le mobilier de bureau ou les écrans, un liquide pour recouvrir des surfaces non planes (claviers TPE, rampes, téléphones…), une bâche adhésive permettant de réaliser des cloisons en tissu (santé, tertiaire). La société fournit et installe ces produits - testés coronavirus TGEV, coronavirus humain, H1N1, e-coli – en laboratoire pour une désinfection permanente en continu des surfaces jusqu'à cinq ans.
« La crise sanitaire liée au Covid-19 entraîne une véritable prise de conscience avec un regain d'intérêt pour les technologies antimicrobiennes, affirme Steve Conti, CEO de Virus Communication et Virus Protect. Les entreprises ont compris qu’elles pouvaient réaliser des économies en luttant contre les épidémies et en protégeant le personnel et les consommateurs. »
Un nettoyage simple préconisé
« Nous proposons différents adhésifs dont la durée d’efficacité est comprise entre 4 et 5 ans », poursuit-il. Ces adhésifs contiennent des ions d’argent encapsulés permettant d’isoler la bactérie qui ne peut donc se reproduire, meurt et se décompose. Leur effet est permanent. L’autre technologie est une méthode céramique écologique qui détruit les bactéries et virus par catalyse. « Un nettoyage classique avec un détergent est suffisant. C’est le même entretien que pour toute autre surface à la différence qu’elle fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 », précise Steve Conti. Une fiche de données de sécurité est fournie avec l'adhésif. Elle précise les préconisations en matière de nettoyage. La pose du film nécessite un certain savoir-faire. Virus Protect commercialise aussi un liquide antiviral Safe Touch. « Ce liquide a un pH compris entre 4 et 10 et ne tolère donc pas l'utilisation de javel ni d'ammoniaque, indique Steve Conti. Il faut attendre six heures pour qu'il durcisse et soit actif. La technologie permet de produire un effet déperlant. Des mini-épées se forment sur la surface et empalent les bactéries et virus. »
JULIEN SOULLARD, AVERY
« Il faut bien préciser qu'aucun produit n'a été testé contre le Covid-19 pour le moment, puisque les laboratoires privilégient la recherche du vaccin, souligne Steve Conti. La file d'attente est donc gigantesque et très couteuse. » Néanmoins, Virus Protect devrait dans les semaines à venir proposer aux entreprises de propreté un produit rémanent pendant un an, testé contre le Covid-19, et qui sera disponible sous plusieurs conditionnements.
Avery France, située en région lyonnaise également, vient de lancer une gamme de films antimicrobiens, disponibles sous formes de planches (qui peuvent être découpées) pour recouvrir bureaux, comptoirs, poignées, boutons ou interrupteurs. « Nos films sont compatibles avec les écrans tactiles (smartphones, tablettes, ordinateurs, écrans de terminaux ou d’imprimantes) », précise Julien Soullard, chef de produit. Les adhésifs existent en version permanente (pour les poignées et interrupteurs) ou amovible (pour les écrans et autres surfaces lisses). « Le revêtement contient des ions d'argent qui permettent de déstabiliser l'ADN des microbes et des bactéries et empêcher leur prolifération sur les surfaces, poursuit-il. Il a été testé contre les virus de la grippe type influenza A et le coronavirus humain NL63, mais pas encore le Covid-19. » Avery préconise l'utilisation de ce film en complément d'un process de nettoyage classique. Aucun entretien spécifique n'est nécessaire et il est possible d'utiliser des détergents traditionnels, y compris des désinfectants. « La désinfection ne remet pas en cause l'efficacité du revêtement, souligne Julien Soullard. La durée d'efficacité antibactérienne et antimicrobienne est de cinq ans, au minimum. Nous estimons qu'il existe un potentiel fort sur ce marché. »
Dans les sols aussi
Keraben Grupo, en collaboration avec Microban, spécialiste de la technologie antimicrobienne, a développé Lifeker Plus+, une nouvelle finition céramique avec une fonctionnalité avancée qui inhibe efficacement la croissance des bactéries nocives dans les revêtements pour sol et mur. Elle est adaptée aux surfaces céramiques des hôpitaux, des gymnases, des écoles, des hôtels, des centres commerciaux et des aéroports. Combinée à un nettoyage régulier, la technologie Microban améliore activement l'hygiène et la propreté de la surface céramique. Elle perturbe les processus vitaux et les fonctions biologiques des bactéries contaminantes, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas se développer ou se reproduire. La technologie reste active 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les produits céramiques développés avec la finition Lifeker Plus+ sont plus faciles à nettoyer. Il est recommandé d'utiliser des détergents neutres et d'éviter les produits de nettoyage qui contiennent de la cire ou qui créent des films sur la surface.
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