
En matière d'achats, les entreprises de propreté ont des choix à faire selon le secteur dans lequel elles interviennent mais aussi en fonction de leur politique RSE. De nombreux labels, certifications et normes existent en particulier pour les produits détergents.
« Tous nos clients publics et privés ont une réelle volonté d’accélérer la transformation vers des produits plus écologiques, explique Pierre-Alain Magne, directeur du développement d’Eyrein Industrie. Et leur choix se porte donc de plus en plus vers des produits labellisés. » Le fabricant corrézien a donc vu grimper les ventes des produits de la gamme Innoveyr. « Souvent, on nous demande quand un produit sera en version labellisée, poursuit-il. Nous devons donc faire beaucoup de pédagogie. »
Des différences entre l'écolabel et Ecocert

Action Pin - Marie-Eve Debrue, Action Pin « L'écolabel européen est un label officiel délivré en France par l’Afnor Certification tandis qu'Ecocert est un label privé. »
Avec ces deux labels, Eyrein Industrie couvre les applications sols, surfaces hautes, sanitaires (gel WC), lessive et vaisselle. « Des produits techniques sont aussi disponibles dans la gamme Ecocert, avec un décapant et un dégoudronnant, souligne Pierre-Alain Magne. Progressivement, les freins technologiques seront levés pour couvrir toutes les applications mais il faudra du temps. Nos clients nous interpellent sur la nécessité de basculer vers une solution plus écologique. »
« L'écolabel européen est un label officiel délivré en France par l’Afnor Certification tandis qu'Ecocert est un label privé », souligne Marie-Eve Debrue, responsable réglementation chez Action Pin. Pour l'écolabel européen, un audit est réalisé sur site chaque année selon des critères rigoureux (système qualité, nature des composants, impact environnemental, traçabilité des achats…). Les produits de la marque Enzypin ont, selon leurs usages, l'écolabel européen ou Ecocert. « Un produit ne peut avoir l'écolabel que pour les utilisations décrites dans les décisions de l'UE. « L'écolabel tient compte par exemple de la teneur en solvants de tous les ingrédients et du rapport poids emballage/utilité du produit, tandis qu'Ecocert s'intéresse à la naturalité des ingrédients et peut, en outre, être octroyé à un détergent désinfectant », précise Marie-Eve Debrue.
Les critères des labels sont revus régulièrement : tous les six ans pour l’écolabel européen, tous les deux ans pour l’Ecocert. « Les exigences se durcissent concernant l’impact environnemental mais pas pour la santé des utilisateurs », ajoute Céline Magne. Eyrein Industrie va plus loin avec la gamme Ecoreflex Nature et Ecoreflex Sécurité qui sont des produits sans pictogramme de danger. « Le label Made in France prend plus d’importance », note Pierre-Alain Magne.
« Concernant Ecocert, le référentiel intègre désormais un critère d'exigence en termes d'efficacité du nettoyage », précise Marie-Eve Debrue. D'autres évolutions sont à venir au niveau réglementaire. « Au cours du premier semestre 2023, l'évolution du règlement européen sur les cosmétiques, en lien avec celui sur les détergents qui est aussi en pleine révision, va évoluer au niveau des allergènes, indique-t-elle. La liste des allergènes à préciser sur les emballages va s'allonger, passant de 26 à 80. Cela a évidemment des conséquences sur nos formules et nous oblige par exemple à opter pour d'autres parfums. » L’écolabel impose également que les dérivés de l’huile de palme soient certifiés RSPO c’est-à-dire issus de plantations gérées de manière durable.
D'autres labels existent pour les produits détergents comme Nordic Swan (qui prend en compte le cycle de vie), Cradle to Cradle (basé sur l'économie circulaire) et la Charte2020+ du Nettoyage Durable (établie par FHER, ex-Afise).
Un nouveau label sur la qualité de l'air intérieur
Les labels précédemment cités s'intéressent notamment à la teneur en COV (Composés organiques volatils) des produits mais pas à leurs émissions dans l'air. Air Label Score est la certification internationale qui garantit la meilleure information sur les émissions des produits dans l’air intérieur. Ce label privé indépendant se base sur les normes nationales et internationales les plus strictes. Après analyse et quantification du produit, il donne un indice de pollution allant de A+ (très faible émission) à C (forte émission). Trois ans de R&D ont été nécessaires pour mettre en place la base de données scientifiques sur la toxicité des substances et connaître les scénarios d'exposition (destination, usage, durée). Air Label Score s'adresse aussi bien au marché des particuliers qu'à celui des professionnels. Les fabricants de produits peuvent choisir de faire certifier leurs produits par rapport à l'impact sur la qualité de l'air intérieur. « Les produits sont testés en situation réelle, explique Sammy Laamari, responsable communication d'Air Label Score. Nous donnons ensuite l'information aux industriels pour qu'ils mesurent les émissions de leurs solutions et leur impact sur la santé des utilisateurs et des occupants des locaux. Cette information n'existe pas dans les autres labels qui s'intéressent seulement à la composition de la formule. Avec nos tests, il arrive de trouver dans l'air des composés qui ne sont pas dans la formule. » En testant les produits, les fabricants peuvent ainsi les améliorer avant de les mettre sur le marché.
« Pour A+, chaque substance doit respecter la valeur limite la plus stricte, souligne Sammy Laamari. Nous allons plus loin en additionnant les substances pour observer leur impact. » Seule la gamme Green Care Professional de Werner & Mertz propose aujourd'hui des produits certifiés aux professionnels. D'autres sont en cours de tests. « Pour le moment, nous sommes en phase d'observation vis-à-vis de ce label Air Score, affirme Marie-Eve Debrue. Nous avons démarré quelques tests et attendons de voir comment les attentes du marché vont évoluer. »
Essuie-mains, chiffons et savons labellisés
Les produits d'essuyage et d'hygiène des mains ont, eux aussi, leurs labels, comme l'explique Samy Ben Jazia, responsable marketing Tork, marque d’hygiène professionnelle du groupe Essity : « L’écolabel européen est l’un de premiers labels qui évoque l’écologie et le développement durable. » 80 % des produits Tork bénéficient de l’écolabel européen, chiffre allant jusqu’à 100 % pour les chiffons tissés (pour les non tissés, l’entreprise a lancé récemment une gamme produite à base de matières biosourcées). « Pour nous, il s’agit d’un prérequis, ajoute Samy Ben Jazia. Nous avons fait le choix d'aller plus loin. » Essity s’engage à atteindre zéro émission nette d’ici 2050. Elle fait partie des plus grandes entreprises au monde engagées et reconnues pour contribuer à l’ambition nette zéro des Nations Unies. Concernant les emballages plastiques, elle souhaite atteindre 100 % de recyclabilité dès 2025 et 85 % d’éléments renouvelables. Pour les fibres utilisées, elles sont issues de sources certifiées FSC ou PEFC et d'autres sources contrôlées, prélevées de manière responsable. « Le groupe Essity figure dans plusieurs labels de développement durable. Il a notamment obtenu le niveau Platinum du classement Ecovadis en 2022, précise Samy Ben Jazia. Nous avons aussi la capacité d’accompagner nos clients dans leur engagement, notamment les entreprises de propreté. Il est important qu’elles aillent plus loin et au-delà des écolabels. »
Pour les chiffons, il existe les normes AMS qui concernent spécifiquement l’utilisation de chiffons tissés ou non tissés avec des solvants et qui garantissent notamment la bonne élimination des résidus sur les surfaces. Connu dans les domaines industriels, le label EDS (Electrostatic discharged) prouve que l’utilisation du chiffon ne produira pas d’électricité statique qui pourrait venir déranger un processus de fabrication par exemple dans certains environnements. « Les certifications ont pour but de guider et de rassurer les utilisateurs », signale Samy Ben Jazia.
Côté savon, Tork a fait certifier ses produits par l’Ecarf (European centre for allergy research foundation). « Cette certification est très importante dans le domaine de la santé, indique Samy Ben Jazia. Elle garantit aux personnes allergiques d’être protégées avec un produit hypoallergénique. »
Par ailleurs, Tork Vision Nettoyage a obtenu la certification GBAC délivrée par l’organisme Global biorisk advisory council (GBAC). Cela signifie que cette solution applique les meilleures pratiques de nettoyage, de désinfection et de prévention des maladies infectieuses pour minimiser les risques associés aux agents infectieux comme le Covid-19.

Nilfisk - Tous les aspirateurs à poussière Nilfisk sont dotés de filtration HEPA 13 ou HEPA .
Et pour les équipements ?
« Il existe moins de labels pour les matériels mais nous sommes soumis aux normes européennes », indique Véronique Trillat, chef de produit floorcare (EMEA South) pour Nilfisk, qui s'est fixé en outre des objectifs élevés de réduction de l'empreinte carbone. Le département R&D du fabricant travaille sur l'écoconception en vue du prochain label énergétique, sur le taux de recyclabilité et la proportion de plastique recyclé, ainsi que sur la réparabilité (durabilité, compatibilité des pièces détachées). « Pour l'instant réservé aux aspirateurs domestiques, l'indice de réparabilité concernera un jour le matériel professionnel », ajoute Véronique Trillat. La conception est orientée par rapport à l'économie circulaire, avec des réflexions sur le cycle de vie des autolaveuses et leur reconditionnement.

© Erein Industrie - Des produits techniques labelisés Ecocert sont aussi disponible comme ceux proposés par Eyrein Industrie.
Une norme importante concerne néanmoins les aspirateurs à poussière. Pour la filtration HEPA, la norme européenne EN 1822 définit 8 catégories selon la qualité de la filtration. HEPA 13 filtre jusqu'à 99,95 % des microparticules présentes dans l'air (avec une précision de 0,1 micron par litre d'air). « Dans la santé, il est interdit d'utiliser un aspirateur disposant d'une filtration inférieure », précise Virgil Derni, chargé de marketing de Numatic International.
« Tous nos aspirateurs à poussière sont dotés de filtration HEPA 13 ou HEPA 14 (99,995 % d'efficacité). Ce sont des niveaux élevés qui permettent de protéger la santé des utilisateurs et celles des clients, affirme Christophe Mouty, chef de produits aspiration et haute pression chez Nilfisk. Trois niveaux de normes de sécurité existent : L (99 % d'efficacité de filtration), M (99,9 %) et H comme HEPA. » L'étanchéité des appareils réside aussi dans la qualité des joints entre la cuve et la tête d'aspiration. « La certification permet de conforter la performance de l'aspirateur », précise-t-il.
Concernant l'intégration de plastique recyclé, Numatic International a ses propres critères pour la gamme Re Flo (chariots, aspirateurs). Ses appareils disposent du label SCS Global Services, certification mondiale qui garantit l'utilisation d'un minimum de 50 %. L'objectif de Numatic International est d'atteindre les 100 % de plastique recyclé et zéro émission carbone d'ici 2025. La certification européenne C-Level concerne, elle, l’impact carbone. « Pour notre activité, elle vise à réduire l’impact carbone des sacs d’aspirateurs », précise Virgil Derni.
Pour les matériels, il existe une reconnaissance importante au niveau de la prévention des risques TMS. La Carsat identifie, en effet, une liste d’appareils et de machines susceptibles d'obtenir une subvention. « Chez Numatic, deux modèles sont concernés : les autolaveuses 244 NX et 1840 NX », souligne Virgil Derni.
« L'Ecodesign sera applicable en septembre, » Patrick Djebar, président de l'Afimin

Depuis le 19 janvier 2019, les fabricants d'aspirateurs à poussière ne sont plus tenus d'afficher l'étiquette énergétique. Est-il vrai qu'une nouvelle version de la réglementation européenne Ecodesign est en cours d'élaboration ?
En effet, c'est le retour de l'étiquette énergétique pour les aspirateurs professionnels, qui avait été annulée par l'Union européenne suite à la réclamation d'un industriel vis-à-vis des conditions dans lesquelles devaient être réalisés les tests d'efficacité énergétique. Rappelons que la réglementation européenne Ecodesign vise à soutenir la conception de produits conjuguant efficacité énergétique et utilisation raisonnée des ressources. Pour le moment, les industriels du nettoyage, représentés par l'Afimin, attendent la validation des premières informations transmises. Un cahier des charges fixera la méthode de conduite des tests.
Quand cette réglementation entrera-t-elle en vigueur ?
Le label Ecodesing devrait entrer en application en septembre 2023. Nous avons eu connaissance d'une dernière mise à jour fin 2022 et nous devrions avoir plus de précisions entre les mois de février et mars. Il est important que les industriels, même s'ils ont déjà commencé à travailler dessus, aient les informations nécessaires à temps.
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