Le nettoyage de préservation et de sauvegarde des biens mobiliers et immobiliers après un incendie peut présenter divers risques (électrique, manutention manuelle, chute de plain-pied, coupure, chimique, …).

Le nettoyage de préservation et de sauvegarde des biens mobiliers et immobiliers après un incendie peut présenter divers risques (électrique, manutention manuelle, chute de plain-pied, coupure, chimique, …). Lors d’un incendie, il y a combustion de matériaux. Cette combustion est à l’origine d’émanations de fumées qui vont se disperser pour partie vers l’extérieur via les ouvertures et, pour une autre partie, se disséminer dans les locaux pour se déposer sur l’ensemble des surfaces (y compris à l’intérieur des meubles et des placards), sous forme de suies plus ou moins adhérentes. Les suies sont constituées d’un agglomérat de particules, associant des poussières plus ou moins fines pouvant contenir des métaux, des fibres d’amiante et des Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Certains de ces composants présentent un risque cancérigène mutagène ou toxique pour la reproduction. Les HAP proviennent de la combustion incomplète de matières organiques comme le bois. Sous l'action de la chaleur, des particules de métaux sont libérées de certains matériaux contenus dans les installations électriques ou les appareils électroménagers.

L’amiante, quant à elle, ne peut être détruite que si les températures dépassent les 1 400 °C. En cas de doute sur la présence d’amiante, il est nécessaire de mener un diagnostic, notamment pour les biens immobiliers dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997. Les interventions sur des matériaux amiantés sont réglementées dans le Code du travail, articles R 4412-94 et R4412-144 et suivants. C’est dans ce cadre hors amiante que la profession a mené une étude afin de connaître le niveau d’exposition des salariés au risque chimique. Cette étude est disponible sur le site du Monde de la Propreté. Bien que les quantités décelées soient très faibles, les résultats des analyses montrent que 3 sites sur 4 présentent une exposition par voie aérienne à des composants CMR et que tous les échantillons d’effluents analysés contiennent systématiquement des composants CMR, qu’ils soient de type HAP ou métaux avec une exposition possible par voie cutanée et le cas échéant ingestion liée au manque d’hygiène lors de pauses (repas, …).

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Christophe Leclercq, chef de projet, CTIP Conseil

 

 

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Fiche pratique «Prévention des risques : formaliser une notice de poste» 

1. Principaux procédés mis en œuvre

Le nettoyage de préservation et de sauvegarde des biens fait appel à plusieurs procédés. Les principaux procédés sont décrits après dans le tableau. Les manutentions manuelles font partie des actions menées par les intervenants dans un environnement souillé par les suies. Ces manutentions sont nécessaires afin de mettre en déchetterie les biens non récupérables économiquement, d’organiser et d'optimiser le déroulement du chantier, de déplacer les biens à nettoyer ou nettoyés dans des espaces propres. Les opérations de nettoyage consistent alors à enlever les suies déposées sur les biens mobiliers et immobiliers, en utilisant soit un procédé à sec ou humide et, le cas échéant l’aspiration.

     
Procédés Objectifs Principes
Nettoyage à sec Assurer l’enlèvement des suies déposées sur les surfaces poreuses à base de plâtre ou de peinture de recouvrement non lessivable. Usage d’éponge composé de latex frotté manuellement sur la surface permettant de retirer la suie.
Nettoyage humide Assurer l’enlèvement des suies déposées sur des surfaces de différentes natures mais peu poreuses comme le bois peint ou vitrifié, les peintures lessivables, la faïence murale, le verre, le plastique, le carrelage, le revêtement de sol plastifié… Usage d’une solution dégraissante permettant de retirer la suie déposée à la surface des matériaux à l’aide d’un textile. Une fois que la solution est préparée dans un seau, la lavette microfibre est trempée dans la solution puis essorée manuellement pour ensuite être appliquée sur la surface à nettoyer. En fonction du niveau de suie déposé, plusieurs passages sont nécessaires avec opération de rinçage et d’essuyage avec chiffon sec au besoin.
Du fait de la présence de suie, la solution de lavage devient très rapidement chargée (couleur noire).
Aspiration Aspirer les poussières volatiles ainsi que les filantes de suies accrochées au plafond. Avant de procéder au nettoyage à sec ou humide, l’aspirateur peut être passé s’il y a présence de salissures volatiles ou de filantes (fils noirs le plus souvent au plafond)

2. Mesures de prévention

Des mesures de prévention sont à mettre en place afin de réduire l’exposition des intervenants aux composants chimiques présents dans les fumées, en tenant compte de la nature des prestations.

 

Mesures de prévention Nettoyage à sec et aspiration Nettoyage humide –manutentions manuelles
Aérer les locaux par l’ouverture des ouvrants, associer le cas échéant à extraction mécanique pour les lieux clos ou autres dispositifs permettant de réduire la concentration de poussières (1)  X X
Commencer de préférence par les zones les plus éloignées du départ du feu (les moins enfumées) et terminer par les zones proches du départ du feu (des plus enfumées) X X
Porter des vêtements de protection jetables (combinaison) X X
Porter des gants de ménage dont la manchette recouvre la manche de la combinaison X X
Porter un masque de type FFP3 ou équivalent X Sous réserve de non-dépassement des VLEP (1).
Si dépassement de la
VLEP port du masque.
Utiliser un aspirateur équipé a minima de filtre HEPA NF EN 1822-1 ou porteur de la norme NF EN 60335-2-69 (présence de CMR) X  
Limiter l’accès à la zone d’intervention, dans la mesure du possible ne faire intervenir qu’un seul intervenant dans la zone (si plusieurs intervenants, ils doivent disposer du même niveau de protection) X  
(1) Article R4222-10 sur les nouveaux seuils de Valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) au 01/07/2023 : poussières totales 4 mg/m3, poussières alvéolaires 0,9 mg/m3 modifiés selon décret n° 2021-1763 du 23 décembre 2021

Les mesures d’hygiène doivent être systématisées lors des différentes pauses de la journée, ainsi qu’en fin de journée, par un lavage soigné des mains et des zones dépourvues de protection comme le visage.

Il conviendra également :

  • de mettre à jour le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) en distinguant l’exposition au risque chimique liée aux suies et à ses composants susceptibles d’être rencontrés - comme l’amiante, le plomb et autres composés CMR (HAP, …) - de celle liée aux produits de nettoyage ;
  • de sensibiliser les salariés au risque, via une notice de poste obligatoire (art. R4412-39 du Code du travail) et d’attribuer des équipements de protection individuelle appropriés aux composants et à la morphologie de chaque opérateur (relire la Fiche pratique de Services n° 276). La prise en compte des EPI (masque) permet d’appliquer le cas échéant un coefficient d’abattement selon la norme NF EN 529 Appareils de protection respiratoire - Recommandations pour le choix, l'utilisation, l'entretien et la maintenance sous certaines conditions cumulatives (masque adapté aux composants, masque porté et correctement stocké lorsqu’il n’est pas porté, opérateur formé et formation enregistrée, procédure de gestion des EPI écrite) ;
  • de procéder à de nouveaux contrôles techniques réguliers dans le cadre de la réglementation, puisque les composants sont qualifiés CMR.

Repères juridiques

Articles R 4412-94 et R4412-144 du Code du travail concernant les interventions sur des matériaux amiantés.

Article R4412-39 du Code du travail sur la notice de poste obligatoire.

Décret n° 2021-1763 du 23 décembre 2021 portant modification des concentrations moyennes en poussières totales et alvéolaires dans les locaux à pollution spécifique.

À consulter

Étude sur le risque chimique disponible sur le site www.monde-proprete.com

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