Après la pandémie de Covid-19 et le déconfinement progressif, les entreprises de propreté ont dû faire face à une hausse des demandes de désinfection des locaux avec la réouverture des locaux mais aussi depuis. L'occasion pour les experts du sujet de faire le point sur les pratiques dans ce domaine.

La réouverture des locaux après le confinement a impliqué une hausse des demandes en désinfection mais aussi une évolution de la nature des prestations quotidiennes, afin de protéger les salariés et de combattre le Covid-19. Les entreprises de propreté ont dû s'adapter et expliquer à leurs clients qu'utiliser des solutions lourdes en matière de désinfection n'est pas nécessaire. Un nettoyage initial puis régulier à l’aide d’un détergent sur toutes les surfaces susceptibles d’être en contact avec les salariés est suffisant. Mal employé, l’usage répétitif d’un désinfectant de surface peut augmenter la résistance des autres micro-organismes (bactéries et moisissures). Le virus ne proliférant pas en dehors de l’hôte, les professionnels s'accordent à dire que désinfecter des locaux inoccupés pendant plusieurs semaines est inutile, à l'exception des cas où une personne a été infectée par le coronavirus. Mais il faut rassurer les clients. L'aspect psychologique est primordial et doit être pris en compte dans la réponse des professionnels. En revanche, la désinfection quotidienne des locaux occupés depuis le début de la pandémie est importante.

 

Besoin de rassurer

« Le message de prévention a un impact psychologique majeur. La pédagogie auprès des clients et des collaborateurs est primordiale », confirme Christophe Leloutre, responsable national département ultrapropreté chez Samsic. La crise nous pousse à être encore plus empathique, à avoir plus d'humilité pour aller vers plus d'adaptabilité. Les prestataires ont un rôle majeur à jouer en expliquant le choix des produits et des EPI et en communiquant sur les respects des protocoles officiels. » En matière de désinfection, il est nécessaire de proposer des offres de services compétentes, des cadences adaptées.

« Face à l'inquiétude générale de la population face au Covid-19, une utilisation ciblée et raisonnable de la désinfection est nécessaire, estime Virginie d'Enfert, déléguée générale de l'Afise (Association française des industries de la détergence). Deux éléments primordiaux doivent être mis en avant : la connaissance scientifique et les protocoles. » L'évaluation des risques doit prévaloir aux choix de traitement des locaux par désinfection. Dans les locaux inoccupés pendant plus de cinq jours, les risques de présence du Coronavirus sont très faibles.

« Dans le cas d'une fermeture prolongée des bureaux, on considère que le virus est inactif après sept jours. Aussi un nettoyage classique est suffisant, ajoute Laurent Fleurynck, expert dédié à la propreté multisegment chez Elior Services. Mais pour rassurer les clients et les occupants des locaux, nous répondons à leurs attentes en désinfectant. » Les prestations comprennent surtout une désinfection de contact sur des cibles précises. À chaque site client, le responsable sécurité évalue le risque et les opérationnels définissent les besoins spécifiques. Elior Services a choisi de s’appuyer sur son expertise en santé, agroalimentaire et ultrapropreté pour rédiger ses protocoles dédiés à un environnement administratif.

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OLIVIER HAUTION, DEPPIK

 

Quelles recommandations

Difficile pour les entreprises de propreté de s'y retrouver entre les protocoles du ministère du Travail et du ministère de la Santé que les donneurs d'ordres demandent de respecter mais qui ne sont pas toujours très précis et diffèrent de leurs protocoles habituels dans ce domaine, les avis du Haut conseil de la Santé publique ou encore les recommandations de l'INRS (lire aussi l'encadré page xx). Pour les aider à y voir plus clair, la FEP a publié un guide des bonnes pratiques Covid-19.

Il est important de réaliser avant tout une bonne détergence. La désinfection ne doit intervenir qu'en complément du nettoyage. « Un nettoyage à l'aide d'un détergent désinfectant disposant de la norme EN 14476 est suffisant, explique Christophe Leclercq, chef de projet au CTIP (lire aussi la fiche pratique consacrée à la lutte contre le Covid-19 pages 38 et 40). En cas de nécessité de pratiquer une désinfection, il faut d'abord nettoyer les surfaces. C'est impératif. »

« Les produits détergents affaiblissent le virus en attaquant sa membrane lipidique et en éliminent donc une partie importante », indique Virginie d'Enfert. Une désinfection sans nettoyage est inefficace. Il faut prendre en compte les paramètres TACT : température, action mécanique, chimie, temps de contact. Il existe ensuite des protocoles spécifiques par types de lieux : des fiches métiers ont été élaborées par le ministère du Travail avec les acteurs des différentes filières concernées.

Certaines entreprises de propreté ont choisi de créer leur propre documentation. C'est le cas de Samsic qui a élaboré plusieurs supports d'information, dont le guide Covid-19 de protocoles pour la réouverture des sites et chantiers : état des lieux, exigences des clients, EPI, conseils, maintien en propreté… Différentes étapes permettent de répondre aux divers besoins. Samsic a mis en place des sessions de formation à distance sur les différents types de protocoles et sur les solutions opérationnelles. Et des référents sur chaque région forment le personnel de terrain in situ. « Il est important d'arriver à tout concilier : la technique, l'efficacité, l'aspect psychologique, souligne Christophe Leloutre. L'état des lieux est primordial. Il faut gérer le risque biologique manuporté en associant la prestation de propreté initiale et une régie tout au long de la journée pour les cuisines, cantines, sanitaires, salles de réunion. Un plan de prévention doit être élaboré. »

 

La norme EN 14476 ?

Concernant les produits, la norme EN 14476 a une action virucide efficace sur les virus enveloppés comme le SARS-Cov2. « C'est la responsabilité du fabricant de dire si le produit est efficace, note Virginie d'Enfert. Il ne faut pas le remettre en doute. Fabricants et entreprises de propreté doivent dialoguer régulièrement. Il existe des files d'attente dans les laboratoires de tests mais elles vont se résorber. »

Samsic travaille avec six partenaires en détergence et désinfection pour éviter les ruptures de stocks. Concernant les produits désinfectants, un virucide disposant de la norme EN 14476 +A2 datant de juillet 2019 est nécessaire. Une cinquantaine de détergents désinfectants sont référencés. « Il ne faut pas se contenter de la FDS ou de la fiche technique mais consulter aussi le dossier scientifique », ajoute Christophe Leloutre. Sur certains sites clients, il peut arriver que le service qualité contrôle les fiches techniques et les FDS.

Chez Elior Services, des recommandations ont aussi été formulées pour le choix des solutions désinfectantes. Un détergent désinfectant bénéficiant de la norme EN 14476, efficace sur les virus enveloppés, est préconisé. « Dans la mesure du possible, nous avons privilégié des produits que nous avons l'habitude d'utiliser pour en maîtriser l'efficacité et le risque chimique, souligne Antoine Gornes, spécialiste offre facility management au sein de l'entreprise. La fiche technique du produit est analysée. »

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JEAN-MARC EVANNO, DEVEA ENVIRONNEMENT

 

« L'efficacité directe contre le Covid-19 durant la crise sanitaire n'est démontrée pour aucune solution. En revanche, les produits validés EN 14476 sont efficaces sur les souches virales de référence couvrant par extension les virus enveloppés dont fait partie la famille des Coronavirus, uniquement pour les surfaces de contact », précise Olivier Haution. « Jusque-là, la virucidie ne suscitait pas d’engouement, poursuit-il. Nous sommes un peu pris au dépourvu. La crise sanitaire remet en question de nombreuses bases biologiques. »

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La DSVA s'appuie sur un appareil statique doté d’un système automatique assurant une diffusion dans l’air de microgouttelettes d’un produit biocide retombant sur les surfaces et éliminant ainsi les micro-organismes.

 

 

Choisir la méthode

Il est nécessaire de bien réfléchir avant de choisir une méthode. Pour Virginie d'Enfert, la solution technologique est constituée d'un couple produit et méthode d'application. Elle doit prouver son efficacité virucide tout en veillant à son innocuité par rapport à l'utilisateur, à l'usager et à l'environnement. « Il faut être ouvert à l'innovation mais tout en faisant attention à l'efficacité », précise-t-elle.

« Il existe des méthodes potentiellement efficaces type eau électrolysée ou eau ozonée mais il faut être prudents, veiller à les valider et justifier de leur éventuel usage auprès des clients, reconnaît Christophe Leloutre. Les solutions contenant des ammoniums quaternaires, du chlore, du peroxyde d'hydrogène ou de l'alcool sont reconnues pour être efficaces. »

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CHRISTOPHE LELOUTRE, SAMSIC

 

Avant de désinfecter, il faut nettoyer. « Une désinfection ne peut s’effectuer et être efficace que sur une surface préalablement décontaminée particulairement, par l’association d’une solution détergente ou détergente désinfectante, et d’un tissu recyclable ou à usage unique, disposant d’une capacité mécanique permettant de capter les salissures non adhérentes comme adhérentes », explique Christophe Leloutre. Les méthodes associées sont l’essuyage humide et le balayage humide par pré-imprégnation principalement (solution toujours propre contrairement à la méthode dite des deux seaux), l’aspiration devant être maitrisée et limitée en situation de Covid-19 (risque de relargage dans l’air). La particule étant le taxi des micro-organismes, cette seule action permet d’évacuer 80 % des micro-organismes présents dans les salissures. « Une fois cette première étape réalisée, la désinfection par application d’une solution détergente-désinfectante ou désinfectante par essuyage humide/lavage peut avoir lieu, en respectant le temps d’action préconisé », ajoute Christophe Leloutre.

« La technique de l'essuyage humide est "opérateur dépendant", signale Jean-Marc Evanno, président de Devea Environnement, spécialisée dans la DVSA. Les protocoles existent mais ils ne sont pas facilement reproductibles. » La seconde méthode consiste à pulvériser à l'aide d'un spray à gâchette une quantité de produit désinfectant dilué ou prêt à l’emploi sur des surfaces accessibles. « Là encore, les résultats peuvent être assez différents en termes de quantité pulvérisée et donc d'efficacité », estime Jean-Marc Evanno. Le dispersât dirigée est une troisième solution selon laquelle on pulvérise le produit sur les surfaces à l'aide d'un pulvérisateur ou d'un système pneumatique avec lance. « Cette méthode permet d'atteindre davantage de surfaces, ajoute Jean-Marc Evanno. L'opérateur doit impérativement porter les EPI adaptés. La concentration doit être comprise entre 25 et 50 ml/m² pour être efficace, c'est déjà beaucoup. »

 

Désinfection par voie aérienne

La désinfection par voie aérienne (DSVA), quatrième méthode, s'appuie sur un appareil statique doté d'un système automatique qui diffuse un produit biocide (en fines gouttelettes ou sous forme de gaz) éliminant les micro-organismes. L'avantage est que l'agent de propreté n'a aucun contact avec le produit. Cette méthode consiste donc à créer un brouillard composé de fines gouttelettes (12 ml/m3 soit environ 2 ml/m²) qui se déposent sur toutes les surfaces, même inaccessibles. Devea Environnement utilise le peroxyde d'hydrogène ou un mélange de peroxyde d'hydrogène et d'acide péracétique. « Avec le peroxyde d'hydrogène, il n'y a aucun résidu puisqu'il se dégrade rapidement pour se transformer en eau et en oxygène libre, précise Jean-Marc Evanno. La seule difficulté avec le peroxyde d'hydrogène est son instabilité. Nous travaillons donc avec un fabricant rennais qui stabilise le produit dès le procédé de production sans ajout. »

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La technologie de la vapeur est considérée comme une méthode de désinfection efficace si elle est bien mise en oeuvre.

 

 

« La ventilation arrêtée, il s'agit de saturer le volume d'air de la pièce. Deux heures de temps de contact sont nécessaires. L'appareil proposé par Devea Environnement consomme 1,2 litre de produit pour 1 000 m3 quand certains proposent 1 l pour traiter 1 000 m3… On ne peut pas prétendre atteindre les performances requises avec une si petite quantité », poursuit le spécialiste. La DSVA recouvre trois techniques différentes : le principe venturi (un compresseur comprime l'air et le liquide passe dans une buse pour créer des gouttelettes, les solutions couramment utilisées sont dosées entre 6 à 12 % de peroxyde d'hydrogène), la technologie vapeur associée à la diffusion du peroxyde d'hydrogène (concentré à 35 %), la centrifugation (un disque tournant permet de centrifuger le liquide qui est transformé en microgouttelettes). « C'est cette technique que nous utilisons avec une concentration de peroxyde inférieure à 8 % (seul effet irritant, non classé en transport de matières dangereuses), explique Jean-Marc Evanno. Depuis juillet 2019, notre solution - couple appareil-produit - bénéficie d'une autorisation de mise sur le marché dans le cadre de la réglementation Biocides pour la France et l'Europe. »

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VIRGINIE D’ENFERT, AFISE

 

La DSVA répond à la norme Afnor NFT72-281 version 2014. Elle est le plus souvent utilisée dans le domaine pharmaceutique, l'agroalimentaire, la santé, l'industrie cosmétique (salles blanches). « Avec la crise liée au Covid-19, les motivations changent, observe Jean-Marc Evanno. Aujourd'hui, il y a des demandes pour les locaux tertiaires et industriels. Le virus peut se trouver aussi bien sur un plan de travail, sur le clavier d’un ordinateur ou encore derrière un radiateur. Nous avons des demandes des hôtels, des transports ferroviaires… Les prestataires de propreté commencent à s'équiper d'appareils de DSVA. Nous préconisons une intervention une à deux fois par semaine selon si les effectifs sont réduits ou au complet. »

Pour Christophe Leloutre, la DSVA est plus particulièrement utilisée en ultrapropreté. Les protocoles doivent donc être adaptés pour une application dans d'autres secteurs : « La DSVA est un élément final intéressant après une décontamination particulaire. Elle est à utiliser avec parcimonie. »

 

Ozone et vapeur

L'ozone fait partie des solutions possibles pour la désinfection. Deppik, spécialisée dans la maîtrise de la contamination avec une forte orientation environnementale (ozone, eau pure, eau ozonée, H2O2, vapeur…), distribue notamment le système Tersano de production d'eau ozonée. « L'ozone est mon principal cheval de bataille. Les applications sont multiples », affirme Olivier Haution, le dirigeant. Cette technologie doit être bien maîtrisée : le gaz doit être placé dans un contexte hygrométrique particulier. Des prélèvements dans l'air sont à effectuer. « Il faut faire attention à ne pas utiliser de méthodes peu documentées avec des protocoles imprécis. L'ozone n'est pas efficace sur les surfaces », ajoute Olivier Haution. En revanche, l'eau ozonée est adaptée à la désinfection des surfaces avec une chiffonnette et un spray. « C'est très sécurisant pour l'utilisateur et pour les matériaux car cette solution stabilisée contient une quantité infime d'ozone (1,8 ppm). Pour les systèmes à ozone utilisés dans l'industrie agroalimentaire par exemple, la concentration est 20 à 50 fois plus forte », explique Olivier Haution.

La technologie de la vapeur a aussi sa norme de désinfection (NFT 72-110). Elle a des vertus virucide, bactéricide et fongicide. « La vapeur est soumise à une norme efficace sur les souches virales représentatives, note Olivier Haution. Et c'est une méthode de désinfection sans adjuvant et sans chimie, pour une meilleure protection des utilisateurs. » Le dirigeant forme les formateurs pour expliquer les différentes techniques de désinfection. L'appareil de production de vapeur doit être choisi selon des critères précis, notamment le lieu de l'application et le niveau d'exigences demandé. « Pour la marque One Care Steam, nous vérifions le degré d'exigences qui sera demandé aux équipements, indique Olivier Haution. D'importants progrès ont été réalisés en termes d'autonomie de travail et d'ergonomie. Nous travaillons dans les zones les plus critiques, comme la petite enfance, les maisons de retraite, mais également en salles blanches. La vapeur peut également être utilisée dans le tertiaire. Les esprits sont en train de changer par rapport à cette méthode. La demande vient du terrain. Pour une bonne mise en œuvre, il faut former les agents de propreté et apporter un soutien technique. »

Christophe Leloutre estime que l'utilisation de la vapeur est intéressante au niveau environnemental mais inadaptée à une intervention quotidienne dans les bureaux. Cette méthode est longue à mettre en œuvre et ne favorise pas les impératifs de productivité.

« On assiste à un emballement vis-à-vis de la vapeur mais il ne faut pas oublier que cette technologie est soumise à la norme NFT 72110, explique Christine David. Cette norme précise les tests qui doivent être pratiqués sur les appareils de production de vapeur pour prouver qu'ils peuvent revendiquer un effet biocide. Ils doivent afficher une activité virucide en secteur santé humaine. » Le protocole précise les nombreux critères à respecter pour que cette méthode ait bien un effet virucide : pression, température, accessoire, buse, distance par rapport aux surfaces, vitesse de passage. « Dans quelle mesure cette méthode ne risque-t-elle pas de remettre en suspension le virus sur la surface », s'interroge Christine David.

 

Quid de l'aspiration

D'une manière générale, l'aspiration est déconseillée par la plupart des spécialistes. « Pour éviter de relarguer dans l'air le virus, une étanchéité totale de l'aspirateur est nécessaire en plus du filtre Hepa, comme ceux utilisés en salles blanches ou pour les poussières d'amiante », précise Olivier Haution. Or ce ne sont pas les matériels les plus courants et les meilleurs marchés, en particulier dans le tertiaire. Pour l'entretien des moquettes, l'INRS préconise un aspirateur doté d'un filtre Hepa et de la classe H pour l'étanchéité. « Le filtre Hepa ne suffit pas, ajoute Laurent Fleurynck. L'aspirateur doit être parfaitement étanche entre le couvercle et le réceptacle. » Dans le guide défini par Elior Services, le principe général est de limiter l'aspiration pour éviter l'émission de particules dans l'air.

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ROMAIN LASSEUR, IZINOVATION

 

Les 7 erreurs à éviter

Romain Lasseur, directeur de l'innovation de la société Izinovation, experte de l'activité Biocides auprès des professionnels de la 3D (Dératisation, désinfection, désinsectisation), intervient régulièrement auprès des utilisateurs et en support des fabricants, et travaille avec des laboratoires de recherche. Il revient sur les 7 grandes erreurs à éviter en matière de désinfection.

 

1. Omettre l'étape du diagnostic :

La démarche de diagnostic est très importante. Elle permet de déterminer l'objectif, les utilisateurs, l'environnement, le type de surfaces, le lieu, le type de pathogènes présents (bactéries ou virus)… Sur ce point, il est important de tenir compte de l'aspect psychologique. Le protocole peut ensuite être fixé.

 

2. Standardiser les protocoles de désinfection :

Il faut adapter le protocole à chaque cas, à chaque cible, et ne pas faire du systématique.

 

3. Ne pas se former :

L'absence de formation initiale ne doit pas conduire à faire n'importe quoi, ce qui risque de desservir l'image des professionnels de la propreté et de la désinfection. Il serait intéressant que tous aient une formation sur les risques biologiques.

 

4. Oublier le nettoyage :

Avant de désinfecter, il est indispensable de nettoyer d'abord en utilisant un détergent pour les surfaces contaminées par des bactéries. Ces deux opérations doivent être associées.

 

5. Ne pas distinguer bactéries, champignons et virus :

Il est impératif de bien distinguer bactéries, champignons et virus. Une fois la cible identifiée, pour le choix des produits, il est indispensable de vérifier le spectre et le type de produit désinfectant (selon la classe de biocides TP2, TP3 et TP4). D'une manière générale, il est préférable de prendre un désinfectant à spectre large. Ensuite, il s'agit de choisir la méthode d'application.

 

6. Se faire imposer une méthode :

L'entreprise ne doit pas se laisser imposer de méthode par son client. En tant qu'experte, elle doit apporter des informations et expliquer ses choix techniques. Ainsi, le prestataire spécialisé met en avant son savoir-faire. Pour ne pas agresser les surfaces, la méthode la plus simple et la plus raisonnable est la lingette désinfectante. Car les produits désinfectants laissent des résidus. Il faut dissocier les désinfections d'urgence et les désinfections de routine. Il est préférable de ne pas choisir une solution pour laquelle les techniciens ne sont pas formés. Mieux vaut faire simple. La DSVA par exemple, par termo-nébulisation à froid ou à chaud, nécessite de bien connaître la mise en œuvre.

 

7. Négliger le couple machine-produit :

Le couple machine-produit est primordial, l'un ne va pas sans l'autre.

 

Que préconise l'INRS ?

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L'INRS a publié sur son site www.inrs.fr une foire aux questions sur le nettoyage post Covid-19, ainsi qu'une brochure dédiée à la propreté (éditée avant la pandémie). L'institut travaille avec les Carsat, actrices de la prévention des risques professionnels. Il élabore avec elles des préconisations et leurs référents Risques biologiques interviennent auprès des entreprises sur leur territoire.

« Il ne faut pas se lancer systématiquement dans une désinfection. Les entreprises de propreté doivent éviter de se laisser porter par les demandes de leurs clients en les persuadant d'être raisonnables, estime Christine David, responsable du pôle Risques biologiques au sein de l'INRS. Au préalable, une évaluation des risques des surfaces contaminées doit être réalisée, notamment selon l'affluence dans le local. » Pour le traitement des surfaces fréquemment touchées, il existe différents procédés.

En cas de risque faible pour les surfaces peu contaminées (couloirs, bureaux), un nettoyage quotidien avec des produits habituels contenant un tensioactif (qui inactive le virus en s'attaquant à son enveloppe lipidique) est suffisant. Si le risque est élevé (poignées, rampes, boutons d'ascenseurs…), un traitement régulier est préconisé à l'aide d'une lingette imprégnée. « La fréquence au cours de la journée est particulièrement importante, souligne Christine David. Le frottement mécanique participe aussi à éliminer le virus des surfaces. » Si une désinfection est nécessaire, il ne faut pas négliger le respect précis du protocole : nettoyage, rinçage, désinfection, rinçage. La norme NF EN 14885 définit la désinfection comme une : réduction du nombre de micro-organismes dans ou sur une matrice inanimée, obtenue grâce à l'action irréversible d'un produit sur leurs structures ou leur métabolisme, à un niveau jugé approprié en fonction d'un objectif donné. « Même si certains produits désinfectants ont un effet rémanent de quelques minutes, les surfaces désinfectées sont vite à nouveau contaminées, ajoute Christine David. On peut donc se demander quel est l'intérêt d'utiliser des produits agressifs. Il faut bien rappeler que le SARS-Cov2 ne se multiplie pas sur les surfaces. Le virus peut vivre de 3 heures à 6 jours selon les conditions de température, d'humidité etc.. » Si un cas avéré de Covid-19 a été détecté, il convient de prendre des précautions particulières. « Les équipes de propreté doivent faire appel à une méthode plus rigoureuse, comme des lingettes imprégnées d'une solution détergente désinfectante pour traiter l'ensemble des surfaces, poursuit-elle. Lorsque l'entreprise choisit le produit, elle doit systématiquement consulter la fiche de données de sécurité (FDS) et respecter le protocole associé. »

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