Sophie Beaudoin-Hubière, députée de la 1re circonscription de la Haute-Vienne (LREM) et membre de la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale, et Rémi Delatte, député de la 2e circonscription de la Côte-d'Or (LR) et également membre de la commission des affaires économiques, exposent leur vision du secteur de la propreté, de ses salariés et de ses entreprises, en première ligne face au Covid-19.

La crise sanitaire du Covid-19 a impacté le secteur des services à l’instar des entreprises de propreté. Quel message souhaitez-vous adresser à ces entreprises et salariés en première ligne ?

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Rémi Delatte : D’abord un message de soutien car, en cette période, les salariés des entreprises de propreté et leurs employeurs ont été mobilisés en permanence et en devant s’adapter dans des délais très courts pour poursuivre leur activité essentielle. Un message de remerciements, ensuite, car les activités de propreté ont été indispensables dans tous les établissements maintenus ouverts pour combattre la crise et les entreprises du secteur n’ont, à l’image des soignants, pas failli ni faibli. Enfin, et pour l’avenir, un message pour la revalorisation de ces métiers. Plus que jamais, il faut rappeler que le secteur de la propreté est une filière d’inclusion, de formation et d’intégration.

Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence sanitaire. Quelle est votre opinion sur les mesures d’urgence économiques au Parlement. Ses mesures vous semblent-elles satisfaisantes ?

Sophie Beaudoin-Hubière : Comme coordinatrice du groupe LREM à la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale il m’est donné l’occasion non seulement de m’exprimer sur les mesures d’urgence économique mais également de participer à leur élaboration notamment en faisant remonter les difficultés et besoins des entreprises de mon territoire.

À l’instar de nombreux autres secteurs, les entreprises de propreté ont grandement souffert de la crise sanitaire. C’est pourquoi le gouvernement a déployé un ensemble de mesures pour soutenir nos entreprises. Notre action vise ainsi à soutenir nos indépendants, TPE et PME qui, bien souvent, souffrent le plus des problèmes de trésorerie. Il faudra néanmoins maintenir notre vigilance et peut-être adapter les dispositifs dans le cadre de la relance qui s’amorce.

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Depuis le début de la crise, la dissonance du message sur les mesures de protection a pu mettre en difficultés les Français et les acteurs économiques. Que faudra-t-il retenir de cette crise ?

Sophie Beaudoin-Hubière : Les positions sur la question du matériel de protection ont évolué en fonction de notre connaissance du virus et des recommandations des autorités scientifiques et sanitaires. Il a été décidé de prioriser le personnel médical directement en contact avec les malades. Nous sommes désormais en mesure de produire et d’importer suffisamment de matériel de protection. Nous avons su collectivement nous adapter, au fur et à mesure de l’évolution de nos connaissances, adapter nos modes de fonctionnement ainsi qu’une partie de l’appareil productif français. Cette crise permet de souligner le rôle primordial de certains secteurs, comme celui de la propreté. Ce sont bien souvent les salariés de l’économie des services qui se sont trouvés en première ligne. Nous avons pu compter sur l’engagement et la mobilisation de ces salariés. Cela met en évidence la considération que nous devrions légitimement leur accorder, également hors temps de pandémie.

Rémi Delatte : Si je devais rassembler les leçons que nous pouvons collectivement tirer de cette épreuve, je le ferais autour de la transparence, la confiance et la souplesse. La transparence, savoir dire que l’on ne sait pas, est un élément clé. C’est en exposant clairement toutes les données du problème que l’on évite les fausses informations, les incompréhensions et que chacun peut admettre que les informations évoluent sans virer à la cacophonie. La confiance qui permet d’emmener toute la communauté pour éviter les réactions de panique ou la focalisation sur les intérêts individuels. La souplesse enfin, qui permet la réactivité et l’adaptation permanentes pour coller au plus près des réalités.

La FEP a publié un Guide de bonnes pratiques à destination des entreprises, salariés et clients de la branche pour assurer la continuité d’activité en respectant les normes de santé et sécurité. Quel regard portez-vous sur ce type de publication et d’initiative ?

Sophie Beaudoin-Hubière : Le guide publié par la FEP est fondamental. Comme le premier ministre l’a indiqué dans sa déclaration devant l’Assemblée nationale, le 28 avril, la stratégie de limitation de la propagation du virus à l’issue du confinement doit notamment passer par l’élaboration de ce type de guides dans chaque secteur de l’économie. Qui mieux que vous connaît la réalité du terrain et est à même d’élaborer des solutions aux problèmes rencontrés. La stratégie du gouvernement repose en partie sur ce genre d’initiatives qu’il compte encourager et promouvoir. Nous devons faire confiance aux acteurs de terrain, et sans cesse nous enrichir de leurs compétences. Cela me conforte dans mon rôle de parlementaire, courroie de transmission entre les acteurs de terrain et les services gouvernementaux.

Rémi Delatte : J’ai toujours été favorable aux initiatives de branches, qui connaissent le terrain et savent fédérer tous leurs partenaires. Sur les recommandations pour la continuité d’activité, il est évident qu’une branche est la plus à même de structurer des protocoles intégrant des réglementations parfois contraignantes mais en les adaptant à des réalités concrètes et en permettant une solidarité entre les différents établissements. Cette crise aura le mérite de nous avoir fait redécouvrir la subsidiarité ! Pour l’avenir, le niveau de la branche doit être renforcé, nous amenant à privilégier l’homologation de pratiques conformes aux objectifs plutôt que l’application aveugle de réglementations décidées dans des administrations centrales. Depuis plusieurs mois, je plaide par exemple pour que les arrêtés d’extension des accords collectifs soient publiés sans délai. Si l’adaptation était le maître mot de cette crise, la confiance dans les branches et les entreprises sera celui de la reprise !