Fin 2018, Patrick Toulmet est nommé par le Président de la République Emmanuel Macron.
Interrogé par la rédaction de , Patrick Toulmet, délégué interministériel en charge du développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires de la ville, affirme : « Nos entreprises se tournent vers l’apprentissage parce qu’il répond à un vrai besoin ».

Vous avez été nommé en 2018 par le Président de la République Emmanuel Macron, délégué interministériel en charge du développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires de la ville. Pouvez-vous nous éclairer sur votre mission ?

J’ai été nommé à ce poste en raison de ma connaissance des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et des problématiques d’emploi pour les jeunes issus de ces quartiers – j’ai dirigé pendant 14 ans le CFA de Bobigny. Cette double expérience répond à la priorité du gouvernement de développer l’apprentissage, exprimée depuis deux ans à travers une série de réformes visant à optimiser l’employabilité des jeunes et à adapter les compétences aux besoins des entreprises.

Dans ce cadre, ma mission est triple : je travaille sur les outils essentiels au développement de l’apprentissage dans les QPV, en vue de faciliter des actions ciblées permettant l’orientation, la formation et l’employabilité des jeunes. J’anime l’écosystème de l’apprentissage, afin d’accroître l’engagement des employeurs, mais aussi d’améliorer l’orientation des jeunes des quartiers vers l’apprentissage. Enfin, le rôle de ma délégation est de promouvoir tous les métiers, de valoriser ceux qui sont en tension et de mettre en avant l’orientation correspondant aux besoins des entreprises.

Pour ce faire, je peux m’appuyer sur mes cinq ministères de tutelle : le Travail, l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la recherche, l’Agriculture et la Cohésion des territoires. Je compte aussi beaucoup sur l’implication des préfectures, car, si j’ai un rôle d’impulsion, de représentation et de valorisation des actions menées en faveur de l’apprentissage, le repérage des jeunes et le suivi du développement de l’apprentissage doivent être réalisés au niveau local. Le rôle des acteurs de terrain est primordial pour la réussite de la politique à laquelle je concours.

On vous décrit comme quelqu’un de franc et présent sur le terrain. Vous avez l’an dernier visité à plusieurs reprises nos Maisons des Métiers de la Propreté, notamment à Marseille (Bouches-du-Rhône), et inauguré celle de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Qu’avez-vous pu y découvrir ?

Soyons francs, justement : les métiers de la propreté sont un secteur d’activité souvent stéréotypé, paradoxalement décrié, alors qu’il est de plus en plus important, voire vital. Souvent invisibles, ces métiers indispensables au quotidien nous permettent de travailler dans un environnement sain, essentiel pour notre santé. Il n’y a qu’à voir les thématiques mises en avant lors de la récente campagne des élections municipales à Paris : la question de la propreté y a été prépondérante. Et bien évidemment, la redoutable pandémie du coronavirus souligne de façon criante le besoin que nous avons de propreté. En visitant vos Maisons de la propreté, j’ai par exemple découvert les formations spécifiques proposées pour la désinfection des blocs opératoires, une action indispensable afin d’éviter la prolifération des staphylocoques et autres virus.

Le lien avec l’actualité est marquant. En fait, j’ai découvert tout un panel de métiers qui impliquent l’acquisition d’une vraie technicité, qui permettent d’effectuer des tâches variées dans des environnements différents (travailler au sein d’un service de la propreté d’une collectivité locale, souvent en extérieur, est très différent de ce qu’on peut faire par exemple dans un hôpital ou une centrale nucléaire) et qui offrent de vraies perspectives d’évolution de carrière. Il est souvent difficile pour les jeunes de trouver leur voie, de s’imaginer leur avenir et leur métier.

C’est pour cela que ma délégation aide à la mise en avant de différents métiers, incite au développement des opérations de découverte de métiers et soutient les filières et entreprises ayant des besoins en recrutement. Les métiers que vous représentez ont toute leur place dans l’offre qui peut être faite à nos jeunes en recherche d’apprentissage et d’emploi.

Pour nos métiers de la propreté, l’apprentissage est un atout et une perspective d’avenir essentielle. Quelles sont les actions et les recommandations à mettre en place pour accroître l’accès à ce mode de formation et d’accès à l’emploi et pour inciter davantage les entreprises à s’y tourner ?

La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a conduit à une réforme majeure de l’apprentissage, allant dans le sens d’une écoute plus attentive des entreprises, d’un recensement plus précis de leurs besoins, d’une adaptation et d’un renouvellement des formations dispensées ou proposées, d’une adéquation plus efficiente entre l’offre et la demande. La simplification des mesures permettant l’ouverture d’un CFA participe aussi de cette volonté de faire de l’apprentissage une voie qui ne soit plus par défaut, mais bien au contraire une voie d’excellence.

Je pense que c’est la mise en relation entre les acteurs de l’insertion, de la formation et les entreprises qui reste primordiale et au cœur de la réussite du développement de l’apprentissage dans notre pays. Nos entreprises se tournent vers l’apprentissage parce qu’il répond à un vrai besoin pour elles, qui préfèrent transmettre leurs compétences voire les enseigner pour qu’elles correspondent au mieux à leurs attentes.

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Le 7 novembre 2019, Patrick Toulmet a inauguré avec Philippe Jouanny, président de la FEP et Jean-Pierre Duquesne,

président de la FEP Ile-de-France, la nouvelle Maison des Métiers de la Propreté de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).